En date du 25 mars 2014.
Istrie, Croatie.
Après plusieurs années d’analyses, l’épave d’un bateau retrouvé échoué au large d’Istrie (Croatie) a été datée vieille de 3200 ans. L’embarcation aurait vogué en méditerranée durant l’âge de bronze, soit 12 siècles avant la nouvelle ère.
« C’est une découverte extraordinaire » se réjouit Giulia Boetto, archéologue navale et chargée de recherche au CNRS. En 2008, Ida Koncani du musée archéologique d’Istrie et son époux Marko Uhac du ministère de la Culture découvraient l’épave d’un vieux bateau qu’un pêcheur avait remarqué. L’embarcation échouée à 600 mètres de la plage et à deux mètres sous le niveau de la mer semblait être un simple bateau moderne, mais plusieurs années d’analyses ont fini par montrer qu’il était antérieur à la période romaine.
« Il est extrêmement rare de retrouver une épave datant de l’âge du bronze. […] Paradoxalement, alors que la mer Méditerranée était au coeur des échanges commerciaux, qu’elle a vu prospérer les civilisations grecque, romaine, mais aussi mycénienne et phénicienne, on y a retrouvé très peu de choses. Il y a bien l’épave d’Uluburun, en Turquie, datant du XIVe siècle avant J.-C., mais ses fouilles, quoique passionnantes du point de vue de la cargaison, n’ont livré qu’un petit fragment de coque, qui n’a pas suffi pour se faire une idée précise du navire » explique Giulia au journal Le Point.
L’embarcation retrouvée a été réalisée grâce à la technique du « bateau cousu », elle consiste à faire tenir les planches de la coque à l’aide de cordelettes végétales et de ligature. « C’est précisément ce qu’on a voulu montrer sur les photos en mettant en évidence, à l’aide de punaises blanches, les points de couture encore visibles sur l’épave », ajoute l’archéologue. Cette technique permettrait d’affirmer avec certitude que le bateau est le fruit d’une fabrication locale, probablement des Histri ou des Liburni.
L’état de conservation serait assez exceptionnel puisque les liens qui relient les différentes planches sont encore visibles. L’épave fait encore 7 mètres de long pour 2,5 mètres de large et son analyse devrait permettre de réaliser une reconstitution complète du bateau. Les chercheurs prévoient d’exposer l’épave au musée archéologique de Pula.