Comme les devinettes, les paradoxes, tels ceux qui suivent, intriguent, amusent et surprennent, et ce, depuis des temps immémoriaux. Pourquoi? Ce sont des phrases ou des histoires à double sens, une deuxième interprétation venant contredire celle admise dans un premier temps. Par exemple, l’affirmation « cette phrase contient trois erreurs » renferme un piège.
Le résultat peut être un méli-mélo de contradictions et d’antithèses incompatibles. En général, un sens paraît, remplacé par un deuxième, jusqu’à ce que la solution se fasse jour.
Le barbier du village
Un homme visite un village avec un seul barbier qui lui dit fièrement raser tous les hommes du village qui ne se rasent pas eux-mêmes, et eux seulement.
Le voyageur repart et le lendemain s’éveille perplexe, intrigué par une question qui le poursuivra sa vie durant. Puisque le barbier, il s’en souvient, est glabre, qui donc le rase ?
A priori, on pense qu’il se rase lui-même. Ce qui est impossible, puisqu’il ne rase que ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Quelqu’un d’autre? Mais alors, il ne raserait pas tous ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes. Qui fait la barbe du barbier?
Le Crétois menteur
Depuis le VIe siècle avant J.-C., les philogophes ont argumenté sur la phrase du Crétois Epiménide : « Tous les Crétois sont des menteurs. » Si, comme il le prétend, tous,les Crétois sont réellement des menteurs, alors Épiménide dit la vérité, ce qui est impossible vu qu’en bon Crétois, il ne peut que mentir. On prétend que le poète
Philétas fut tellement obsédé par cette énigme qu’il finit par en mourir de frustration.
La corde pour le pendre
Un prisonnier du secteur des condamnés à mort reçoit la visite de son gardien qui a la réputation de n’avoir qu’une parole. « Vous serez exécuté la semaine prochaine entre lundi et vendredi », lui dit-il. « Mais ce sera le jour où vous vous y attendrez le moins ».
Au bout d’un moment de réflexion, le condamné sourit. Il explique alors qu’il ne pourra jamais être exécuté.
« Ce ne peut être vendredi, car si je suis encore en vie jeudi, je saurai que mon exécution doit avoir lieu le lendemain. Laquelle ne sera pas pour jeudi non plus, car si je vis encore mercredi, le vendredi étant exclu, je saurai alors que jeudi doit être mon dernier jour. Le même raisonnement s’applique au mercredi, si le mardi je suis encore de ce monde. Mais le lundi soir, il ne restera plus comme date possible que le mardi, ce qui l’exclut à son tour. En conséquence, je ne peux être exécuté que lundi prochain et, comme je m’y attends tout à fait, vous ne pourriez pas me mettre à mort lundi sans déroger à votre parole. A l’évidence, vous vous moquez de moi ».
Le gardien le fixe droit dans les yeux et lui dit : « Je vous assure que je dis vrai ».
Survient l’aube du jeudi et l’on conduit au supplice le prisonnier indigné. « Vous êtes un
menteur », crie-t-il au gardien.
« Pas du tout, lui répond l’autre très calme. Vous vous êtes persuadé de ce que vous ne seriez pas exécuté. Dès lors, n’importe quel jour est inattendu, et c’est là tout ce que j’ai promis ».
Source: Faits étranges et récits extraordinaires aux Éditions: Sélection du Reader’s Digest, 1989.