Un booster de la fusée russe qui emportait l’Américain Nick Hague et le Russe Alexeï Ovtchinine vers la Station spatiale internationale aurait connu une défaillance. Les deux hommes sont en vie et en bonne santé en dépit d’un retour sur Terre très brutal.
Un incident est survenu jeudi lors du lancement d’une capsule Soyouz à destination de la Station spatiale internationale (ISS) avec un cosmonaute russe et un astronaute américain à bord. L’équipage composé de Nick Hague et Alexeï Ovtchinine a été contraint d’effectuer un atterrissage d’urgence peu après le décollage depuis le cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. Les deux hommes sont en vie et ont été récupérés par les secours.
Quatre hélicoptères se sont immédiatement rendus sur le lieu d’atterrissage forcé de la capsule SoyouzMS-10, à 420 km de Baïkonour, 20 km à l’est de la ville de Djezkazgan. Les deux astronautes ont été rapatriés à Djezkazgan en véhicule tout-terrain et ont atteri à Baïkonour.
La fusée décolle comme prévu, à 14h40 locales (10h40 en France), selon un photographe de l’AFP sur place. Sur les images retransmises en direct par la Nasa et Roskosmos, l’agence spatiale russe, le décollage de la fusée Soyouz semble se dérouler comme d’habitude. Les images retransmises en direct montrent la fusée aller aussi loin que visible par les caméras, ainsi que les deux astronautes à l’intérieur de la cabine, communiquant avec le centre de contrôle et travaillant sur leurs ordinateurs. Puis les images s’interrompent comme à l’accoutumée, et la Nasa retransmet alors des images de synthèse de la fusée, accompagnées des commentaires des astronautes dans la cabine de pilotage.
Soudain, au bout de deux minutes de vol, trois courts signaux sonores retentissent, signalant une «urgence». Sur les images du lancement, le problème semble survenir juste au moment où les quatre boosters de la fusée Soyouz se séparent, deux minutes environ après le décollage. Selon la Nasa, «la défaillance du lanceur» s’est produite au bout de 119 secondes de voyage, alors que la fusée était lancée à plus de 7.500 km/h. L’incident a eu lieu au moment de la séparation des premier et deuxième étages de la fusée – composée de trois étages plus la capsule contenant l’équipage -, a précisé une source à l’agence Interfax.
Un des blocs du premier étage a frappé le second étage de la fusée, provoquant l’extinction du moteur. Sur les images, on aperçoit en effet un nuage de petits débris au lieu de la «croix de Korolev» caractéristique que l’on observe lorsque les quatres boosters se séparent bien proprement:
On entend dans le direct la traductrice préciser qu’il y aurait eu une défaillance de l’un des boosters. En fond, on entend ce qui ressemble à un signal d’urgence, probablement émis par la capsule. Cette dernière se serait alors séparée du corps principal de la fusée pour effectuer une entrée dite «balistique» dans l’atmosphère. Les astronautes auraient ainsi ressenti une brève période d’impesanteur avant de subir une accélération très importante en effectuant leur retour sur Terre. La capsule suit en effet une trajectoire beaucoup plus verticale que lors d’une descente classique. Le freinage est en principe bien plus rapide que lors d’une rentrée contrôlée.
My very preliminary visualization of the #SoyuzMS10 emergency situation. UPDATES HERE: https://t.co/vgcPpF7XUw pic.twitter.com/3RlMt86rku
— Anatoly Zak (@RussianSpaceWeb) 11 octobre 2018
A 11h20 (en France), le chef de l’agence Roskosmos Dmitri Rogozine écrit sur Twitter que «L’équipage a atterri. Tous sont vivants». Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov déclare lui à la presse: «Dieu merci, les cosmonautes sont vivants». Ils «se sentent bien. Des spécialistes médicaux les ont examinés et n’ont pas trouvé de problèmes de santé. Ils boivent du thé et plaisantent», a assuré Roskosmos. La Nasa ajoute de son côté que les deux hommes sont «en bon état». Transportés en hélicoptère jusqu’à l’aéroport de Jezkazgan, ils y ont subi de premiers examens médicaux avant de s’envoler vers Baïkonour. Dans une photo diffusée par la NASA sur Twitter, on voit les deux hommes embrasser leurs familles sur le tarmac à l’arrivée.
.@AstroHague, right, and cosmonaut Alexey Ovchinin, left, embrace their families after landing in Baikonur, Kazakhstan. Hague and Ovchinin arrived after a safe landing on Earth following a Soyuz booster failure during launch earlier. Look: https://t.co/MzoA9TOqXk pic.twitter.com/mZqIiL7RYi
— NASA (@NASA) 11 octobre 2018
Premier échec depuis 35 ans
C’est la première fois en trente-cinq ans que la fusée Soyouz connaît un problème lors d’un vol habité et la troisième fois seulement de son histoire. La tour de sauvetage fixée sur la capsule avait été utilisée en 1983 après une anomalie au décollage. Et il faut remonter à 1975 pour retrouver la trace d’un retour balistique comme celui qui a eu lieu aujourd’hui. Les astronautes avaient alors encaissé une accélération considérable de 21G (21 fois la pesanteur terrestre – à titre de comparaison un pilote de chasse subit 9 à 12G dans les manœuvres les plus brutales).
Cet échec survient alors que la Russie est le seul partenaire de la Station spatiale internationale à pouvoir emmener des astronautes à bord. Aucune conférence de presse n’est prévue pour le moment. Le directeur général de Roscosmos, Dmitry Rogozin aurait simplement monté une Commission d’État pour enquêter sur cet échec ;
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(Traduction: Pour connaître la raison de l’accident sur le Soyouz-FG j’ai décidé de former une Commission d’État. Elle a déjà commencé son travail. La télémétrie est étudiée. Les services de sauvetage ont opéré dès la première seconde de l’incident. Le système de secours Soyouz-MS a fonctionné. L’équipage est sauvé.)
Les Américains doivent reprendre les vols habités en 2019 à bord des capsules de Boeing et de SpaceX. La capsule Orion de la Nasa doit quant à elle aussi effectuer ses premiers tests grandeur nature l’année prochaine.
Par ailleurs, des soupçons de sabotage ont émergé après la découverte d’un trou de perceuse dans une capsule Soyouz amarré à l’ISS. Des enquêtes sont en cours pour tenter de déterminer leur origine. Cela ne devrait toutefois pas mettre en danger la vie des astronautes à bord de la station qui devaient revenir à bord de ce vaisseau.
NDLR: Malheureusement, la vidéo a disparue
Sources: Le nouvel ordre mondial, Le Figaro, 12 octobre 2018