Raymond Lodge fut bien plus connu une fois mort que pendant si vie. Dans un best-seller publié en 1916, son père, sir Oliver Lodge, un scientifique très en vue en Angleterre, prétend que son fils est en communication régulière avec lui depuis l’outre-tombe.
Raymond est le plus jeune fils de sir Oliver. Peu après le début de la Première Guerre mondiale, en septembre 1914, il s’engage dans l’ armée britannique. Un an plus tard, ce jeune officier de 25 ans est tué par un éclat d’obus dans une tranchée sur le front belge.
Pourtant, quelques jours après, Raymond, qui a toujours été très proche de sa famille et lui a
souvent écrit depuis son départ à la guerre, prend de nouveau contact avec ses parents affligés. Mais cette fois, c’est par le truchement de médiums, ces hommes et ces femmes qui affirment pouvoir communiquer avec les morts.
Espérer entendre
C’est sans difficulté notable qu’ils entrent en contact avec lui. Il leur dépeint le monde des esprits en termes extraordinaires. Il l’appelle “terre d’été”, expliquant qu’il se trouve dans l’endroit où les défunts, en compagnie des membres décédés de leur famille, se remettent du choc de la mort. D’après le médium, le jeune homme a retrouvé là un frère et une soeur, et la première personne à l’accueillir dans cette nouvelle existence a été son grand-père.
Raymond se trouve dans un lieu très semblable à la Terre. Il décrit sa vie dans “une maison de briques avec des arbres, des fleurs et un sol solide”. Il y a des bibliothèques des rivières et des nouveaux venus peuvent s’ils le souhaitent continuer à porter leurs vêtements terrestres même si presque tout le monde a une robe blanche. Ceux qui le demandent peuvent même obtenir des cigares et du whisky.
Détails intimes
Sir Oliver aborde les réunions avec un esprit scientifique. Il prend des notes et a soin de ne pas dévoiler son identité aux médiums pour empêcher que des charlatans ne prennent des informations sur lui avant les séances. Progressivement, il accumule les preuves, convaincantes à ses yeux, de ce que son fils continue à vivre et à communiquer avec lui.
L’esprit manifeste plusieurs fois une impressionnante connaissance des détails de la vie du jeune homme sur Terre. Des médiums révèlent à sir Oliver que les deux frères de Raymond le surnommaient Pat et qu’en jouant au hockey, il appelait ses coéquipiers les Nôrmands. Deux points parfaitement exacts. Il décrit aussi avec précision le salon de la maison que le médium n’a jamais vu. Il connaît le nom du paon apprivoisé de la famille, et peut même faire la description d’une tente et d’un bateau de sable qu’il a construit avec ses frères pendant des vacances au bord de la mer.
Sir Oliver l’admet, des personnes vivantes ont pu transmettre certains de ces faits au médium par télépathie. Mais il existe une preuve à laquelle on ne peut pas donner une explication aussi facilement.
Le 27 septembre 1915, un médium signale à lady Mary que Raymond fait allusion à une photo sur laquelle il apparaît au milieu d’un groupe. Lady Mary ne connaît pas semblable document. Elle pense donc que le médium se trompe. Deux mois plus tard, elle reçoit une lettre de la mère d’un officier, ami de son fils, qui explique que Raymond a été photographié avec les gradés de son régiment quelques mois avant sa mort. Elle en propose un tirage à lady Mary.
Sir Oliver interroge un médium à son sujet. Raymond répond que la photo a été prise « devant un fond noir, avec des lignes derrière eux ». Il ajoute que, pendant qu’ils posaient, «quelqu’un avait voulu s’appuyer sur lui, mais il n’était pas sûr que cela apparaisse sur la photo ».
La photographie arrive. Raymond se trouve avec les officiers devant une baraque en bois dont le toit forme effectivement des lignes verticales derrière le groupe. Ce qui surprend plus encore sir Oliver c’est cet officier assis derrière son fils et qui semble appuyer son coude sur son épaule. Pourquoi Raymond n’en est-il pas sûr? Il y a trois épreuves et, sur l’une d’elles, personne n’est tout proche de lui.
Raymond a-t-il communiqué d’outre-tombe avec sa famille ? Son esprit semble connaître une grande partie de sa vie, mais il reste très vague sur d’autres détails importants. Les sceptiques le font remarquer, l’épisode de la photo peut n’être que le résultat de supputations chanceuses de la part des médiums.
Mais sir Oliver et sa famille n’ont aucun doute, et l’histoire de Raymond est toujours considérée par les spiritualistes comme une preuve irréfutable que l’esprit de l’homme survit à son corps.

Source: Faits étranges et récits extraordinaires aux Éditions: Sélection du Reader’s Digest, 1989.