Les cinq études consacrées aux dernières mesures effectuées par Curiosity, publiées le 27 septembre 2013 dans la revue Science, dressent le portrait d’une planète encore plus complexe que prévu.
À l’évidence, la planète Mars est encore plus complexe que ce qui était supposé jusqu’ici par les scientifiques. Tel est le constat qui s’impose à la suite de la publication le 27 septembre 2013 dans la revue Science des cinq études consacrées aux dernières analyses de Curiosity sur le sol martien, dont celle révélant la forte présence d’eau dans la poussière recouvrant la surface de Mars.
Prenons l’exemple de l’étude « The Petrochemistry of Jake_M: A Martian Mugearite », qui porte sur l’analyse de « Jake_M », cette étrange roche de forme triangulaire, baptisée du nom de Jacob « Jake » Matijevic, un ingénieur américain du Mars Science Laboratory décédé deux semaines après l’arrivée de Curiosity sur Mars.
Que révèlent ces travaux ? Ils indiquent que la roche Jake_M ressemble bien peu aux autres roches martiennes précédemment analysées. En effet, son analyse révèle qu’il s’agit d’une roche magmatique (les roches magmatiques, qui se forment dans les profondeurs, sont issues du refroidissement et de la solidification du magma) dont la composition est très alcaline (un minéral alcalin est un minéral qui dont le pH supérieur à 7, comme par exemple le calcium, le sodium ou le potassium). En effet, une présence importante de potassium et de sodium a été détectée par les instruments de mesure de Curiosity (pour cette manipulation, les instruments utilisés étaient ChemCam et le spectromètre Alpha Particle X-ray).
Or, une telle composition diffère grandement de la composition des autres roches basaltiques de Mars précédemment analysées, qui se caractérisent principalement par une quantité élevée de fer. De toute évidence, cette différence de composition indique que le lieu et les conditions de formation de la roche Jake_M diffèrent grandement du lieu et des mécanismes de formation relatifs aux autres roches basaltiques martiennes connues jusqu’ici. Selon les auteurs de l’étude, la roche Jake_M se serait formée à quelques dizaines de kilomètres de la surface de Mars, à la suite de la fusion de roches riches en alcalin et en eau.
Et ce n’est pas tout. Car si la roche Jake_M ressemble peu aux autres roches basaltiques de Mars qui avaient été étudiées jusqu’ici, elle a en revanche de nombreux points communs avec… la mugéarite, une roche volcanique alcaline que l’on trouve sur Terre, notamment dans les îles océaniques. Or, la mugéarite est très probablement le fruit d’un processus appelé métasomatisme, au cours duquel la composition chimique d’une roche est altérée par la circulation de fluides contenant de l’eau et du dioxyde de carbone. Ce qui suggère par conséquent qu’un mécanisme similaire s’est produit à l’intérieur de Mars.
Autre élément qui accroît la complexité de Mars : la question de l’eau. En effet, on le sait, l’étude « Volatile, Isotope, and Organic Analysis of Martian Fines with the Mars Curiosity Rover », qui fait partie du lot des 5 études publiées par Science le 27 septembre 2013, a révélé que le sol de Mars contient entre 1,5% et 3% d’eau. Or, cette découverte révèle que les formes sous lesquelles l’eau existe et a existé sur Mars sont plus nombreuses que prévu. En effet, ces travaux montrent que l’eau présente dans l’échantillon de sol martien n’a pas la forme moléculaire H2O que nous connaissons tous, mais une autre forme chimique, créée à la suite d’une réaction chimique entre l’eau et les grains de sol sur lesquels elle s’est fixée. Et ce n’est que parce que Curiosity a chauffé les grains ainsi prélevés à quelques 835°C que cette eau a pu à nouveau être libérée, sous forme de vapeur.
Mais l’eau est aussi présente sur Mars sous d’autres formes. Ainsi, grâce aux observations notamment menées par Mars Express puis par Mars Odyssey dans les années 2000, les pôles Nord et Sud de Mars sont recouverts d’une calotte glaciaire. De l’eau sous forme de glace donc, dont la quantité est si importante que si ces gigantesques couches de glace venaient à fondre, la surface de mars serait intégralement recouverte d’une eau profonde de 5,6 m.
Enfin, des analyses réalisées en septembre 2012 par Curiosity avaient montré que de l’eau, cette fois sous forme liquide, avait coulé à la surface de Mars. Ce que des données d’imagerie fournies dans les années 70 par les sondes Mariner 9 et Viking, révélant la présence de formes géologiques évoquant des cours d’eau asséchés, avaient d’ailleurs déjà suggéré.
Au final, plus la quantité de données recueillies par Curiosity augmente, et plus le visage de Mars, cette « sœur jumelle de la Terre » comme certains scientifiques aiment à la surnommer, se complexifie…
Sources: http://www.paranormal-info.fr et http://www.journaldelascience.fr