En date du 23 septembre 2013.
Si l’absence de méthane sur Mars, récemment révélée par Curiosity, a fortement réduit la probabilité d’y trouver la vie, ce seul constat ne permet toutefois pas de conclure définitivement à une absence de vie sur Mars. En effet, il existe sur Terre de nombreuses bactéries ne rejetant pas de méthane.
Disons-le d’emblée, les analyses réalisées ces dernières semaines par le robot Curiosity à la surface de Mars ont clairement réduit la probabilité d’y trouver un jour des traces de vie. Une probabilité si faible, que la publication récente par la NASA d’un communiqué annonçant que Curiosity n’avait pas trouvé de méthane a même incité les médias du monde entier à titrer sur la certitude d’une absence de vie sur Mars.
Pourtant, s’il ne s’agit pas évidemment pas de s’accrocher à n’importe quel prix au rêve d’une possible vie sur Mars (lire à ce sujet l’article publié par Serge Brunier sur le site de Science et Vie « Vie sur Mars, à quand la fin du feuilleton ? »), il convient en revanche de rappeler que, d’un point de vue strictement scientifique, l’absence de méthane (en réalité la quasi-absence, puisque des quantités infimes de ce gaz ont tout de même été détectées par Curiosity) ne signifie absolument pas que la planète Mars est dénuée de vie.
Pourquoi l’absence de méthane sur Mars ne suffit pas à conclure à l’absence de vie ? Pour comprendre, rappelons d’abord que sur Terre, le métabolisme d’une grande partie des organismes vivants les conduit à rejeter du méthane. C’est pourquoi trouver de grandes quantités de méthane sur Mars aurait permis de renforcer l’hypothèse d’une vie sur la planète rouge (sous réserve que le métabolisme de ces hypothétiques organismes vivants martiens soit analogue à celui des espèces vivantes terrestres). Or, il se trouve que sur Terre, de nombreux microorganismes… ne produisent pas de méthane ! Par conséquent, il est théoriquement tout à fait possible d’imaginer que, de la même manière, des micro-organismes ne rejetant pas de méthane vivent sur Mars.
Quels sont ces organismes vivants qui ne rejettent pas de méthane ? Il s’agit notamment des bactéries dites hydrolytiques. Ces micro-organismes ont pour caractéristique de transformer la matière organique complexe (protéines etc.) en éléments beaucoup plus simples (peptides, acides aminés…). Dans ce groupe de bactéries, on trouve notamment le genre Clostridium (le bacille du tétanos en fait partie) et le genre Bacillus (parmi ces bactéries, souvent présentes dans le sol, on trouve notamment Bacillus anthracis, responsable de la maladie du charbon). Or on le comprend, si de tels organismes vivants existent sur Terre, l’absence de méthane sur Mars ne suffit pas à invalider totalement l’hypothèse d’une vie présente sur Mars (même si dans les faits, rappelons-le encore une fois, les scientifiques pensent aujourd’hui qu’une telle chose est très peu probable).
Par ailleurs, il est à noter que, si la planète Mars est certes probablement dénuée de vie à l’heure actuelle, il n’est en revanche pas interdit de faire l’hypothèse que les choses ont peut-être été très différentes dans le passé. Rappelons en effet que, en mars 2013, des prélèvements effectués par Curiosity avaient montré que Mars avait bel et bien été habitable. Et pour cause puisque ces prélèvements, effectués par forage dans le sol martien, avaient montré la présence de soufre, d’azote, d’hydrogène, d’oxygène ou encore de carbone, soit les briques essentielles à la vie. Ces échantillons avaient également révélé l’existence de minéraux argileux s’étant formé en présence d’eau. Une eau qui de surcroît était probablement dotée d’un pH très faiblement acide voire neutre ou alcalin, comme l’indiquait la présence de sulfate de calcium. Soit un milieu aquatique dans lequel des micro-organismes auraient très bien pu se développer.
Quelques mois avant ces prélèvements, on se souvient encore du lit d’une rivière asséchée découvert par Curiosity, confirmant que de l’eau y avait bel et bien coulé (lire« Curiosity découvre les traces d’un probable écoulement d’eau sur Mars »).
Source: Wikistrike