En date du 14 août 2014.
Capté à environ 240 millions d’années lumière de la Terre, ce signal, observé par le radiotélescope porto-ricain Arecibo, déstabilise la communauté scientifique.
Depuis quelques années, les scientifiques sont confrontés à une énigme : d’étranges « sursauts radio » sont émis depuis l’espace, mais on en ignore la distance et la source précisément. Mais voilà que, depuis quelques semaines, les scientifiques sont perturbés par une étrange découverte. Un sursaut d’une durée d’une fraction de secondes provenant des profondeurs de l’espace pourrait donner de nouveaux indices importants pour élucider certains phénomènes de l’astrophysique.
D’après une nouvelle étude publiée le 10 juillet dernier dans l’Astrophysical Journal par une équipe de scientifiques menée par le professeur Victoria Kaspi de l’université McGill de Montréal, ce fameux sursaut radio observé en novembre 2012 par le radiotélescope Arecibo situé à Porto Rico pourrait bien constituer une avancée majeure pour la recherche.
Plus connu sous le nom scientifique de « sursaut radio rapide » (Fast Radio Bursts en anglais) ou de « sursaut Lorimer », ce type de phénomène a déjà été observé dans le passé. Le sursaut capté par Arecibo vient appuyer la crédibilité de découvertes similaires faites jusque-là exclusivement par l’observatoire de Parkes situé en Australie depuis 2007. Car, d’après Oliver Sanguy, spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef d’Enjoy Space, le site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse, » il y avait un doute au niveau de cette réception puisqu’elle n’avait pas été repérée par d’autres observatoires ».
« Les scientifiques se demandaient s’il ne s’agissait pas d’un dysfonctionnement de l’antenne de Parkes. Mais comme le sursaut de 2012 a été repéré par un radiotélescope différent de celui de Parkes, le vrai travail scientifique peut commencer », poursuit ce spécialiste. De quoi calmer les théories extra-terrestres et les sceptiques. « Lorsque vous faites une nouvelle découverte, il est très important qu’elle soit confirmée par d’autres groupes de chercheurs utilisant d’autres instruments », avait déjà expliqué à ce propos le professeur Duncan Lorimer à l’université de Virginie Occidentale aux Etats-Unis.
La découverte de ce sursaut radio constitue donc une nouvelle preuve à l’appui de l’existence de ces mystérieux signaux qui semblent provenir du plus profond de l’espace. Contrairement à la plupart des sursauts cosmiques repérés dans la Voie Lactée jusqu’à présent, celui capté en 2012 provient de l’extérieur de notre galaxie, à environ 240 millions d’années lumières de la Terre. En effet, d’après les résultats d’Arecibo, le sursaut a été capté dans l’amas de Persée, une région souvent surnommée comme le « plus gros objet de l’univers », car elle abrite des milliers de galaxies. Les plus petites galaxies situées à l’intérieur de l’amas de Persée sont restées intactes pendant des milliards d’années.
Olivier Sanguy se montre plutôt enthousiaste quant à cette nouvelle preuve. « Je suis optimiste car lorsque deux instruments différents repèrent un même sursaut radio, cela montre qu’on a quelque chose sur lequel on peut travailler. Il ne faut pas oublier qu’en 1967, un signal radio inconnu avait abouti à la découverte des Pulsar (à savoir des étoiles qui tournent très vite sur elles-mêmes, ndlr). Est-ce-que cela sera le cas avec celui d’ Arecibo ? Pourquoi pas. Ce serait en tout cas très bien pour l’avancée de l’astrophysique ».
Nommé « FRB 121 102 », le sursaut radio rapide de 2012, identifié comme un « pic d’intensité » d’une durée de 3 millisecondes, va permettre aux astronomes d’essayer de déterminer l’origine du phénomène. D’après les experts, il pourrait provenir de collisions entre étoiles à neutrons, de l’évaporation de trous noirs, de magnétars (des étoiles à neutron, ndlr), ou encore des Pulsar. Mais, comme le souligne avec humour le professeur Lorimer à l’origine de l’étude, « il y a davantage de théories que de sursauts ».
Même si la source du signal reste encore difficile à déterminer, si l’existence de ces sursauts radio rapides était confirmée par les scientifiques, elle symboliserait une avancée astrophysique majeure. « Pour en savoir un peu plus, il va falloir attendre que différents scientifiques confrontent leur approche » affirme Olivier Sanguy. Et le spécialiste de prendre en exemple le cas du Big Bang. « Si on reprend l’histoire du Big Bang, on remarque que plusieurs personnes se sont penchées sur cette théorie, ont comparé leurs résultats, leurs approches scientifiques. Cela a ainsi permis d’échafauder quelque chose qui tienne debout. Et pour le cas particulier de ce sursaut radio, il faut donc attendre ».
Sources: Wikistrike, atlantico.fr.