NDLR: Voici un article que j’ai lu et qui devrait vous intéresser.
L’opale est une gemme à la beauté magique. Ses profonds reflets aux couleurs changeantes fascinent les hommes depuis des siècles. Considérée parfois comme la plus précieuse des pierres, elle est aussi la plus fragile. Très sensible à la lumière, à l’air et à la température, elle a des réactions imprévisibles. qui ont ajouté à ses attraits.
Malgré ses propriétés uniques, ou peut-être à cause d’elles. L’opale, plus que toute autre pierre, a entretenu les superstitions. Au fil des siècles, les gens l’ont adorée ou haïe, en faisant tour à tour un fétiche ou un objet maléfique.
Il en existe de nombreuses variétés et couleurs. Les plus connues sont l’opale blanche, ou claire, l’opale noire, ou très sombre, l’opale arlequin, ou multicolore, et la flamboyante opale de feu.
Les opales étaient autrefois extraites uniquement en Hongrie; elles proviennent aujourd’hui pour la plupart d’Australie ou du Mexique, où on les trouve dans les veines de roches volcaniques. Très fragiles, elles se brisent facilement en éclats ou se cassent pendant la taille. En les travaillant, les bijoutiers les abîmaient souvent. Cela représentait pour eux un lourd préjudice matériel, qui est peut-être à 1’origine de la mauvaise réputation de ces pierres.
Les Anciens, pourtant, faisaient de l’opale un porte-bonheur, aux pouvoirs guédsseurs. Déjà, au VI siècle avant notre ère, les Grecs croient qu’elle accorde des dons de visionnaire à ceux qui la portent. Pour les Romains, elle représente majesté et pouvoir. Selon la légende, au 1er siècle avant Jésus-Christ, un sénateur romain, Nonius, choisit l’exil plutôt que de remettre à Marc Antoine une bague portant une opale. Et jusqu’au Moyen Âge, cette pierre est censée protéger des maux des yeux et du coeur et de maladies mortelles, comme le choléra.
La tendance s’inverse au XI siècle, lorsque Robert le Diable, le père de Guillaume le Conquérant, déclare que l’opale lui donne des pouvoirs magiques… diaboliques. Il se dit aussi fils de Satan, qui aurait acheté les faveurs de sa mère avec une opale.
Cette rumeur se répand à un moment où des milliers de personnes meurent de la peste. Les opales sont alors les pierres favorites des joailliers italiens. À Venise, où l’épidémie frappe cruellement, on observe qu’elles deviennent plus brillantes sur les personnes atteintes de la maladie, mais s’obscurcissent lorsque celles-ci meurent.
Peu à peu, les opales sont associées à la mort. À cette époque, bien sûr, on ignore que ces modifications sont dues aux changements de température du corps, qui affectent inévitablement leur éclat.
Elles ont encore mauvaise réputation au XVII siècle, à la cour de Louis XIV, où les carrosses royaux portent le même nom qu’elles. Le conducteur de « l’opale » est un ivrogne, et le carrosse, affirme-t-on, porte malheur.
Le coup de grâce
Peut-être le plus grand coup porté à la pierre est-il la publication, en 1829, de Anne de Geierstein, de sir Walter Scott. Dans ce roman, la baronne d’Arnheim, mère de l’héroïne, porte une opale.
Jamais elle ne fait le signe de croix avec l’eau d’un bénitier pour ne pas risquer de mouiller son bijou. Le bruit se répand bientôt que c’est Dieu lui-même qu’elle redoute. Son mari, pour en avoir le coeur net, lui asperge alors le front d’eau bénite. Quelques gouttes tombent sur l’opale qui devient, « l’instant d’après, aussi peu brillante et colorée qu’un vulgaire caillou ». La baronne s’évanouit et doit être transportée dans sa chambre. Deux heures plus tard, il ne reste d’elle qu’un tas de cendres grises. Bien que cette aventure soit une pure fiction, on dit que la valeur des pierres diminua de moitié après la publication du roman de Scott.
MERVEILLES DE LA NATURE
Au XIX siècle, leur impopularité grandit en raison du destin de la famille royale espagnole. Une des anciennes maitresses d’Alphonse XII lui offre, lorsqu’il épouse la princesse Marie des Grâces de Montpensier, une opale montée en bague. À son tour, celui-ci la remet à la jeune mariée, qui meurt quelques mois plus tard. Par la suite, tous ceux qui porteront la bague disparaitront avant l’heure, y compris le souverain.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, une épidémie de rage frappe l’Espagne. Elle tuera plus de 100 000 personnes durant l’été et l’automne 1885, et les princes ne seront pas épargnés, ce qui explique leurs mystérieux décès, bien davantage que la pierre maudite.
La famille royale anglaise, en revanche, se montre beaucoup moins superstitieuse. La reine Victoria proclame même que 1’opale est son joyau favori, affirmation reprise par un autre membre de l’aristocratie, lord Resdale de Northumberland.
En 1874, un de ses amis le persuade d’acquérir une opale noire, en lui assurant qu’elle lui portera chance. Dès que la pierre est achetée, l’ami prétend que son nouveau propriétaire recevra avant dix jours une lettre très intéressante. Ce laps de temps n’est pas encore écoulé que le Premier ministre Disraeli demande par écrit à lord Redesdale rejoindre le gouvernement.
Aujourd’hui, l’opale est redevenue populaire, et on l’utilise fréquemment en joaillerie’
Source: Faits étranges et récits extraordinaires aux Éditions: Sélection du Reader’s Digest, 1989.