Affaire de Roswell

Affaire de Roswell

L’affaire de Roswell (Roswell Incident) concerne l’écrasement au sol, près de Roswell au Nouveau-Mexique (États-Unis), en juillet 1947, de ce qui est présenté, selon les versions, comme un ballon-sonde ou comme un objet volant non identifié (ovni). Pour les principales associations d’ufologues, cet événement est l’un des éléments les plus probants de la visite de la Terre par une civilisation extraterrestre avancée malgré les tentatives d’en garder le secret. Pour les autorités militaires et les ufologues sceptiques, il s’agit seulement d’un mythe moderne maintenu par les mécanismes socio-psychologiques habituels de ce type de phénomènes.

Le gouvernement américain explique l’incident par l’écrasement d’un ballon-sonde ultra-secret (Mogul) destiné à espionner les expériences nucléaires militaires soviétiques (premier essai nucléaire en août 1949). Les partisans de la thèse extra-terrestre soutiennent que l’épave retrouvée est celle d’un ovni extraterrestre, récupéré et dissimulé par les militaires.

En raison des nombreux témoignages soutenant l’hypothèse extra-terrestre à Roswell, l’écrasement et la récupération supposés d’un ovni ont depuis évolué en phénomène de culture populaire hyper-médiatisé. Roswell est devenu l’une des manifestations présumées extra-terrestres les plus célèbres.

Description:

Le 8 juillet 1947, William « Mac » Brazel, propriétaire d’un ranch dans une zone désertique et peu accessible près de Roswell, découvre des débris sur ses terres. Intrigué par l’aspect des matériaux, il décide de les montrer à ses plus proches voisins situés à plusieurs kilomètres de là, la famille Proctor. Ceux-ci lui conseillent alors de contacter le shérif de Roswell, lequel juge opportun d’avertir la base militaire la plus proche. Le lieutenant Walter Haut, porte-parole du Roswell Army Air Field (RAAF), fait alors un premier communiqué de presse à la demande du colonel William Blanchard, commandant de la base de Roswell, annonçant qu’ils ont récupéré un disque volant (flying disc) écrasé près d’un ranch à Roswell, déclenchant ainsi un fort intérêt de la part des médias du monde entier. Le lendemain, le brigadier général Ramey de la base de Fort Worth, où ont été transportés les débris par avion pour examen, publie un rectificatif annonçant que le disque volant était seulement un ballon-sonde. Une conférence de presse est organisée dans la foulée, exposant aux journalistes des débris facilement identifiables de l’objet écrasé, confirmant officiellement la thèse du ballon.

En 1978, le lieutenant-colonel en retraite Jesse Marcel, qui était arrivé le premier sur les lieux et qui s’était occupé de la récupération des premiers débris en tant que responsable de la sécurité de la base de bombardiers atomiques, déclare à l’ufologue Stanton Friedman venu l’interviewer puis à la télévision que ces débris étaient sûrement d’origine extraterrestre. Il ajoute que les débris montrés par le général Ramey, responsable de la base, aux journalistes n’étaient pas ceux que Marcel lui avait apportés de Roswell. Il fait part de sa conviction selon laquelle les militaires avaient en réalité caché la découverte d’un vaisseau spatial. Son histoire, qui circulera d’abord dans le milieu des ufologues, est à l’origine de plusieurs enquêtes et de livres évoquant une politique du secret imposée par les autorités militaires. En février 1980, le National Enquirer interviewa le major Marcel, attirant l’attention mondiale sur l’incident de Roswell.

En 1991, le général Du Bose, chef d’état-major du général Ramey en 1947, a déclaré que ce dernier avait substitué aux débris transmis par la base de Roswell ceux d’un ballon météo montrés aux journalistes.

Débris recueillis dans une ferme:

Quelque temps avant le 8 juillet 1947, le fermier William « Mac » Brazel remarque des débris qu’il trouve étranges alors qu’il travaille dans un ranch à une centaine de kilomètres de Roswell. Brazel raconta au Roswell Daily Record que son fils et lui avaient vu « une large zone de débris brillants, bandes de caoutchouc, feuilles d’étain, un papier plutôt dur et des barres ».

Le 7 juillet, Brazel confie au shérif Wilcox qu’il croit avoir trouvé une soucoupe volante. Wilcox appela ensuite le major Jesse Marcel de la base de l’armée de l’air de Roswell et un homme en civil vint au ranch chercher les débris que Brazel avait ramassés. « Nous avons passé quelques heures le 7 juillet à chercher des morceaux de l’engin météo », déclara Marcel. « Nous avons trouvé d’autres bouts de caoutchouc et d’aluminium ». Ils essayèrent ensuite de ré-assembler l’objet mais Brazel dit qu’ils n’y étaient pas arrivés. Marcel apporta les débris à la base le lendemain matin. Comme décrit dans l’édition du Roswell Daily Record du 9 juillet 1947 : « Il n’y avait aucun signe de métal dans la zone qui aurait pu provenir d’un moteur, ni aucune trace de propulseur (…). Il n’y avait aucune inscription sur l’instrument, bien qu’il y eût des lettres sur certaines parties. Une longueur considérable de ruban adhésif et du ruban avec des fleurs imprimées dessus avaient été utilisés dans la construction. Ni corde, ni fil n’était visible, mais il y avait des œillets dans le papier qui indiquaient que quelque chose pouvait y avoir été attaché »

Un télex envoyé au bureau du FBI de Dallas, citait un major de l’Eighth Air Force le 8 juillet : « Le disque est hexagonal et était suspendu à un ballon par un câble, ballon de 6 mètres de diamètre environ. Il a été dit au major Curtan que l’objet trouvé ressemblait à un ballon météo à haute altitude équipé d’un réflecteur radar, mais cette conversation téléphonique entre leur bureau et la base de Wright Field n’a pas confirmé cette affirmation ».

Informations dans la presse:

Tôt le mardi 8 juillet, la base de l’armée de l’air de Roswell fit un communiqué de presse qui fut immédiatement relayé par de nombreux journaux :

« Les nombreuses rumeurs faisant état d’une soucoupe volante sont devenues réalité hier, lorsque le service des renseignements du 509e escadron de l’air force de la base de Roswell a pris possession d’un disque grâce à la coopération d’un rancher et du bureau du shérif du comté de Chaves au Nouveau Mexique. L’objet volant a atterri dans un ranch près de Roswell durant la semaine dernière. Sans téléphone, le rancher a conservé le disque jusqu’à ce qu’il puisse contacter le bureau du shérif, qui informa le major Jesse A. Marcel du 509e escadron de l’air force. Une action fut immédiatement lancée, et le disque fut récupéré au domicile du rancher. Il a été examiné à la base de Roswell, puis transmis à de plus hautes autorités. »

Le colonel William H. Blanchard, commandant du 509e escadron, contacta le général Roger M. Ramey de l’Air Force à Fort Worth, au Texas, et Ramey ordonna le transport de l’objet à la base aérienne de Fort Worth. L’adjudant Irving Newton confirma l’opinion de Ramey, identifiant l’objet comme étant un ballon météo et son réflecteur. Un autre bulletin de presse sortit alors, depuis Fort Worth, décrivant l’objet comme étant un « ballon météo ».

À Fort Worth, plusieurs photographes de presse purent prendre des photos des débris. Ces débris correspondaient bien à la description d’un ballon et d’un réflecteur. Ramey, le colonel Thomas J. Dubose et Marcel furent pris en photo avec les débris. Brazel, le rancher, interviewé par le Roswell Daily Record, infirma la thèse militaire, déclarant qu’il avait déjà retrouvé des ballons météo et qu’il était sûr que ce qu’il avait trouvé n’était pas un ballon d’observation. L’affaire fut rapidement oubliée.

Théorie du complot:

Les partisans de la théorie du complot, auteurs de nombreux livres, conclurent qu’un vaisseau extraterrestre s’était écrasé du côté de Roswell, que les passagers, certains peut-être encore en vie, avaient été récupérés, et que toutes les informations sur l’incident avaient été dissimulées. De nombreux livres, articles, documentaires télévisés et même une série télé ont rendu l’incident de 1947 tellement célèbre qu’au milieu des années 1990, les sondages, notamment celui publié par CNN/Time en 1997, ont révélé qu’une grande majorité des gens croyaient que les extraterrestres étaient venus sur Terre et plus précisément qu’ils avaient atterri à Roswell et que le gouvernement avait dissimulé les événements.

Arguments développés:

Charles Berlitz et William L. Moore écrivirent le premier livre sur le sujet en 1980 et déclarèrent avoir interviewé plus de quatre-vingt-dix témoins. Ils présentent le récit de Jesse Marcel qui décrit les débris comme « ne ressemblant à rien de fabriqué sur cette terre » (p. 28), suggèrent que le matériau récupéré par Marcel était d’une grande solidité et possédait d’autres qualités qu’aucune matière d’origine terrestre ne pouvait avoir (donc en opposition avec les rapports officiels), et introduisent l’idée que les débris récupérés par Marcel au ranch Foster ont été remplacés par des débris d’un ballon météo (p. 33 ; p. 67-69) pour soutenir la dissimulation. Marcel aurait posé avec les vrais débris, puis les pièces auraient été échangées et les autres auraient posé avec les débris échangés. Les livres de Randle et Schmitt défendent la même thèse.

Stanton Friedman et Don Berliner suggèrent une dissimulation par les hautes autorités de la récupération d’un OVNI, en se basant sur des documents tels que les archives du groupe Majestic 12. Le FBI a reconnu que ces documents étaient faux. L’auteur prétend, suivant en cela la théorie du complot, qu’une agence gouvernementale haut placée aurait eu pour mission d’enquêter sur les extraterrestres découverts à Roswell et de garder ces informations à l’abri du public. Le livre suggère que pas moins de huit corps extraterrestres auraient été récupérés sur deux sites de crash : trois morts et peut-être un vivant au ranch de Foster, et trois morts et un vivant sur le site de Sorocco (p. 129).

Walter Haut représentant la base militaire de Roswell était à l’origine du communiqué de presse du 8 juillet 1947 annonçant la découverte d’un « disque volant ». C’est la seule implication que Haut ait reconnue dans des documents officiels.

Nouvelle arnaque à Roswell:

Philip Corso sortit le livre The Day After Roswell à l’été 1997 et dans la préface, le président du comité des forces armées du Sénat signalait que Corso « était une personne intègre ». Le 6 juin 1997, le sénateur Thurmond a publiquement désavoué sa préface, expliquant que jamais Corso ne l’avait informé de l’orientation ovni du livre mais au contraire laissé croire à une autobiographie. Selon la revue Anomalies, il s’agit d’une « tentative délibérée de tromperie de Corso dans le seul but de vendre son livre ». Karl Pflock dénonce « les rêves égocentriques fébriles de Corso », qui se présente comme un as dans le domaine du renseignement et de la technologie et qui se trompe de manière flagrante dans sa description élémentaire des avions B-2, F-117 et Backfire. La récupération de mannequins anthropomorphes décrite par des témoins est revisitée par Corso qui rajoute moult éléments étranges : « …(il) ouvrit la caisse de force et vit une créature non humaine flottant dans un grand conteneur vitré. Il pressentit qu’elle venait de l’espace. »

Récits des témoins:

Selon Korff, les centaines de témoins interviewés par les auteurs de livres à sensation n’étaient pas en fait de vrais « témoins » de débris ou d’extraterrestres. La plupart de ceux-ci répétaient en fait les récits d’autres personnes et leur déposition eut été une inadmissible déposition sur la foi d’un tiers devant une cour de justice américaine, (p. 29). Sur les 90 témoins prétendument interviewés pour The Roswell Incident, affirme Korff, les témoignages de seulement vingt-cinq d’entre eux sont mentionnés dans le livre et seulement sept d’entre eux ont vu les débris. Parmi eux, cinq ont touché les débris (ibid.).

Karl T. Pflock, dans son livre Roswell: Inconvenient Facts and the Will to Believe paru en 2001, fait remarquer qu’un grand nombre de témoins ont voulu rester anonymes (p. 176). De ces 300 et quelques personnes, affirme Pflock, seulement 41 peuvent être « considérés comme d’authentiques témoins avec une expérience directe ou indirecte des évènements à, ou autour de, Roswell ou sur la base militaire aérienne de Fort Worth » et seulement 23 peuvent « être raisonnablement considérés comme ayant vu des preuves physiques, des débris récupérés au ranch Foster ». Parmi eux, affirme Pflock, seuls sept ont déclaré que les débris devaient venir d’une autre planète (p. 177).

En ce qui concerne les nombreux témoignages de ceux qui prétendent avoir vu des extraterrestres, des critiques ont identifié les problèmes avec ce type de témoignage, allant de la question de la fiabilité d’un témoignage indirect (Pappy Henderson, General Exon, etc.), aux plus sérieuses questions de crédibilité avec des témoins qui font des déclarations objectivement fausses ou bien des déclarations multiples et contradictoires (Gerald Anderson, Glenn Dennis, Frank Kaufmann, Jim Ragsdale), ou bien encore des confessions sur le lit de mort et des témoignages de personnes âgées et facilement désorientées (Maj. Edwin Easley, Lewis Rickett) (ch.3). Pflock, dans une publication de 2001, note que seules quatre personnes étant directement entrées en contact avec les corps extraterrestres ont été interviewées et identifiées par les auteurs sur Roswell : Frank Kaufmann, Jim Ragsdale, Lt. Col. Albert Lovejoy Duran, Gerald Anderson (p. 118). Duran n’est mentionné que dans une note brève dans The Truth About the UFO Crash at Roswell, alors que, pour les autres, leur crédibilité pouvait être mise en cause, selon Pflock. De plus, Pflock souligne que certains auteurs adhèrent à des témoignages qui ne conviennent pas aux scénarios qu’ils soutiennent. Frankie Rowe, par exemple, affirme plusieurs fois que son père, pompier, et son équipe ont été appelés sur le site d’un crash extraterrestre. Mais le même livre adopte d’autres récits qui décrivent une opération militaire top-secrète. « « Ces récits » font partie d’une approche du style « faire toutes les suppositions et voir celles qui marchent le mieux » (p.63) ».

Le premier problème avec tous ces témoignages, accusent les critiques, est qu’ils arrivent tous au moins trente-et-un ans après les évènements en question, et dans la plupart des cas, sont racontés plus de quarante ans après les faits. Non seulement les souvenirs aussi anciens sont d’une fiabilité douteuse, affirment les critiques, mais ils sont également influencés par les autres récits (cf. faux souvenirs induits). Finalement, les récits variables de Jesse Marcel, dont les soupçons concernant le fait que ce qu’il avait récupéré en 1947 n’était « pas de ce monde » avaient à l’origine éveillé l’intérêt pour l’incident, et ceux de Bill Brazel Jr, dont le père avait découvert les débris au ranch Foster, ont jeté de sérieux doutes sur la fiabilité de leurs déclarations.

Timothy Printy souligne que Marcel avait clairement identifié les pièces avec lesquelles il apparaissait sur les photos prises à Fort Worth comme des morceaux qu’il avait récupérés, des débris sur lesquels les sceptiques et les défenseurs pro-OVNI s’accordent à dire qu’il s’agissait d’un ballon. « En fait », dit Marcel dans The Roswell Incident, « ces pièces peuvent ressembler à de l’aluminium et du balsa, [emphase dans le texte original], mais la ressemblance s’arrête là ». Et, « ils ont pris une photo de moi au sol en train de porter des débris métalliques parmi les moins intéressants… Le matériel sur cette photo provenait bien de ce que nous avions trouvé. Ce n’était pas une mise en scène ». Après qu’il lui eut été précisé que le matériel avec lequel il avait posé était des pièces d’un ballon, il modifia son histoire pour dire que ce matériel n’était pas celui qu’il avait découvert8.

Des sceptiques comme Robert G. Todd argumentent que Marcel a embelli et exagéré son histoire, en affirmant par exemple avoir été pilote et avoir reçu cinq médailles de l’Air Force pour avoir descendu des avions ennemis, histoires qui se sont révélées fausses et son récit constamment modifié sur Roswell en est un autre exemple. Comme Marcel, Bill Brazel Jr. est coupable d’avoir embelli son récit original, accuse Printy. Comme Marcel, il ne fait à l’origine aucune mention des trous dans le sol mentionnés par la suite par d’autres personnes. Mais à mesure que se répandent des histoires au sujet de trous profonds où ont été récupérés les extraterrestres et leur vaisseau, les récits de Brazel changent si bien qu’à la fin des années 1980 il affirme : « Cette chose avait laissé une trace assez importante ici. Il a fallu un an ou deux pour que l’herbe revienne ».

Le journaliste Paul Mc Carty a enquêté pour le magazine Omni et a recherché l’énigmatique infirmière témoin de l’autopsie d’extraterrestre. Cette infirmière n’a jamais existé. Son enquête confirme le second rapport de l’U.S. Air Force.

Schisme dans la communauté ufologue:

Avec la publication de The Truth About the UFO Crash at Roswell en 1994, une rupture importante s’est opérée au sein de la communauté ufologue sur le réel enchaînement des évènements et la localisation exacte des sites des crashs extraterrestres(p. 24). Le Center for UFO Studies (CUFOS) et le Mutual UFO Network (MUFON), deux sociétés connues en ufologie, étaient tellement en désaccord sur les différents scénarios présentés par Randle/Schmitt et Friedman/Berliner que plusieurs conférences ont été menées pour résoudre ces conflits. Un des problèmes discutés était où, précisément, était Barnett quand il a, selon ses dires, vu le vaisseau extraterrestre. En 1992, une conférence a essayé d’obtenir un consensus sur les différents scénarios tels que présentés dans Crash at Corona et UFO Crash at Roswell, mais la publication de The Truth About the UFO Crash at Roswell en 1994 a « résolu » la question Barnett simplement en l’ignorant et ils fixèrent une nouvelle localisation géographique pour la récupération du vaisseau extraterrestre et mentionnèrent un nouveau groupe d’archéologues n’ayant aucun rapport avec ceux mentionnés dans l’histoire de Barnett(p. 25).

Ce désaccord fondamental sur la localisation des présumés sites de crash est toujours d’actualité dans la communauté ufologue.

Le débat au sein de la communauté ufologique ne se limite pas à discuter le lieu du crash de l’ovni de Roswell. Dès la relance de l’enquête par le CUFOS, certains ufologues expriment leur scepticisme sur la réalité des faits. C’est notamment le cas du vétéran Robert Todd (à qui l’on doit la divulgation de très nombreux documents de l’armée, du FBI et de la CIA sur les ovnis au cours des années 1970 et 1980) et de Barry Greenwood, qui édite alors le bulletin Just Cause, consacré à la publication et l’analyse des documents rendus publics par les différentes branches de l’administration américaine (US Air Force, CIA, FBI etc). Un autre ufologue, Karl Pflock, développera une thèse intermédiaire, mêlant ballons-sondes et authentique ovni, avant de conclure que le crash a été causé uniquement par le crash d’un train de ballons liés au Project Mogul. Après la sortie du rapport de l’Air Force au milieu des années 1990, de nombreux livres, comme celui de Kal K. Korff’s The Roswell UFO Crash: What They Don’t Want You To Know publié en 1997, se sont basés sur les preuves présentées dans ces rapports pour conclure qu’« il n’y pas de preuve crédible que les restes d’un vaisseau spatial extraterrestre étaient impliqués. ». Ken Jeffrey, pilote de ligne, à l’origine de la « Déclaration de Roswell », publia dans le MUFON UFO Journal un article détaillé qui provoque une avalanche de protestations parmi les lecteurs partisans de la théorie du complot.

Film de l’autopsie d’un extraterrestre:

NDLR: Malheureusement, la vidéo a disparu.

En 1993, un producteur londonien, Ray Santilli, prétend posséder le corps d’un extraterrestre qui n’aurait pas survécu au crash. Le 26 mars 1995, une dépêche de l’AFP évoque un film tourné il y a près de 50 ans et montrant l’autopsie d’un extraterrestre après l’accident d’une soucoupe volante. L’affaire de Roswell revient à la une des médias.

En France, le lundi 26 juin 1995, le film entier est diffusé par TF1, dans une émission animée par Jacques Pradel. Le docteur Patrick Braun, chirurgien international à Paris, déclare que selon lui l’autopsie est bien réalisée sur un corps véritable qui n’est pas non plus le corps d’un être humain malformé. Le docteur Braun et un expert judiciaire en odontologie légale et anthropologie médico-légale, le docteur Josiane Pujol, considèrent qu’aucune pathologie connue de la médecine ne peut expliquer la structure organique du corps autopsié dans le film.

Un documentaire de la Fox, Alien Autopsy: Fact or Fiction?, est diffusé le 28 août 1995 aux États-Unis.

Le 7 avril 2007, la Warner Bros sort un reportage décrivant « l’histoire d’une fausse autopsie ». Les effets spéciaux auraient été réalisés par le même spécialiste, John Humphreys qui, selon le reportage, avait créé douze ans plus tôt des créatures en latex remplies d’organes de mouton.

Rapports:

Au milieu des années 1990, les États-Unis ont publié deux rapports concernant, d’une part, les débris trouvés et sur lesquels des communications ont été faites en 1947 et, d’autre part, les communications faites sur la récupération des extraterrestres. Le rapport de l’Air Force a constitué la base de la réponse des sceptiques aux auteurs qui traitaient de la récupération des extraterrestres, bien que des chercheurs sceptiques tels Philip J. Klass et Robert Todd avaient déjà publié des articles qui insinuaient le doute sur les témoignages sur les extraterrestres des années avant que l’Air Force ne publie ses conclusions.

Le premier rapport, paru en 1995, conclut que les débris retrouvés en 1947 provenaient bien d’un programme gouvernemental secret appelé Projet Mogul consistant au lâcher de grappes de ballons atmosphériques d’espionnage des expériences nucléaires soviétiques. Il identifie les débris comme provenant d’une expérience gouvernementale top secrète appelée le projet Mogul, qui consistait en des réseaux de ballons transportant des microphones et des émetteurs radioélectriques pour détecter les tests nucléaires et les missiles antibalistiques de l’Union soviétique.

Le second rapport intitulé « The Roswell Report : Case Closed », paru en 1997, constitue l’explication finale et définitive de l’incident de Roswell par les militaires. Pour expliquer la rumeur de « cadavres d’extraterrestres », le rapport fait état du parachutage de mannequins anthropomorphiques lors de programmes militaires menés dans les années cinquante tels que l’opération High Dive et dont la récupération a été vue par des témoins oculaires. Il conclut que les témoignages concernant la récupération de cadavres extraterrestres provenaient vraisemblablement de rapports détournés d’accidents militaires impliquant des blessés et des morts. Pour l’Air Force, les témoins ont été victimes d’un phénomène de « compression temporelle », en associant des événements ayant eu lieu après 1953 à ceux de 1947. Le second rapport souligne que les témoignages de cadavres d’extraterrestres ont surgi à la fin des années soixante-dix, plus de trente ans après les faits. L’enquêteur principal de l’Air Force, James Mc Andrew, a mis en évidence de sérieuses lacunes dans les témoignages. Certaines personnes soi-disant impliquées dans la récupération de « cadavres d’extraterrestres » ne l’étaient pas. Et d’autres, présents à la base de Roswell, confirment qu’il n’y eut ni ovni ni extraterrestre à Roswell. Le lancement de sondes martiennes, de forme circulaire, dans les années 1966-67 et 1972, depuis le Roswell Army Air Field, a pu générer des « témoignages distordus » toujours selon le second rapport.

Documents militaires de 1948:

Sur requête de l’ufologue William LaParl, dans le cadre du FOIA (Freedom of Information Act), près de 300 pages ont été rendues publiques, dont les minutes d’une réunion du comité scientifique de l’Air Force des 17 et 18 mars 1948. Howard Mc Coy, chef du renseignement de l’Air Materiel Command à la base aérienne de Wright-Patterson dit notamment :

« Nous avons un nouveau projet (le projet Sign) qui […] fait suite à ce que l’on avait appelé « l’hystérie collective » de l’été dernier, lorsque nous avons eu tous ces objets volants non identifiés ou disques. […]. Si vous saviez ce que nous serions prêts à donner pour que l’une de ces choses s’écrase quelque part, que nous puissions voir de quoi elles sont faites. »

C’est à Wright-Patterson que serait emporté la carcasse de n’importe quel engin ennemi, russe ou alien. Howard Mc Coy aurait été au courant si un engin alien s’était écrasé à Roswell.

Le colonel Mc Coy adressa le 8 novembre 1948 un communiqué au major C.P.Cabell, directeur du renseignement de l’Air Force, et mentionna à trois reprises qu’il n’existe aucune preuve physique d’un crash de soucoupe volante. Le 23 septembre 1947, le lieutenant général Nathan Twining adressa un courrier au brigadier général George Schulgen, officier des services de renseignement au Pentagone, qui fait référence à la collaboration entre le Génie et les services de renseignements à Wright Field et Patterson, de manière à découvrir la nature des mystérieux objets volants. Selon Kent Jeffrey : « si le génie possédait une épave de soucoupe, non seulement les services de renseignement l’auraient su, mais ils en auraient été impliqués de bout en bout dans l’analyse de l’épave et dans l’évaluation de la menace que celle-ci pouvait représenter pour la sécurité nationale »

Rapport du G.A.O.:

Steven Schiff, sénateur du Nouveau Mexique, demanda des explications à l’Air Force qui renvoya aux Archives Nationales. L’incident de Roswell ne figure ni dans le Livre Bleu ni dans le rapport Condon. Soupçonnant une dissimulation, il demande au Congrès des États-Unis, le General Accounting Office ou GAO (organisation de surveillance appartenant au Congrès) de conduire une enquête interne. Le rapport du GAO indique que le débat sur ce qui s’est réellement produit à Roswell continue et précise que tous les documents administratifs de la seule base de bombardiers atomiques des États-Unis entre mars 1945 et décembre 1949 ont été détruits ainsi que tous les messages radio envoyés par la base d’octobre 1946 à février 1949. Le G.A.O. insiste sur le fait que les archives détruites couvraient une période beaucoup plus étendue que celle de Roswell et donc que celle-ci ne peut être invoquée comme raison de la destruction. Interrogé sur la question, Steve Schiff admet que ces archives n’ont pas disparu à cause de Roswell.

Analyse
Point de vue des sociologues:

À côté des thèses développées par les ufologues, qu’ils acceptent la thèse du crash d’une soucoupe ou qu’ils la rejettent, l’affaire de Roswell a donné lieu à plusieurs analyses de la part de chercheurs en sciences sociales. L’un de ces ouvrages, rédigé par deux anthropologues en compagnie d’un des anciens ingénieurs, Charles Moore, qui avait travaillé sur le Project Mogul, considéré par beaucoup comme étant à l’origine des débris retrouvés par Brazel, a même été publié par les presses du Smithsonian Institute. Pour ces auteurs, l’affaire se réduit à la construction d’un mythe. Ces travaux soulèvent la question de savoir ce qui constitue une analyse sociologique. La sociologie doit-elle permettre de réduire cette histoire à une simple légende, à un mythe, et donc à l’absence de réalité des faits, ou bien doit-elle décrire la controverse et montrer comment les différents acteurs tour à tour construisent et déconstruisent les faits ? Ainsi, la thèse développée par Saler et Ziegler sera évoquée par l’anthropologue Paul Jorion dans un article publié dans la prestigieuse revue L’Homme. En France, le sociologue Pierre Lagrange publie aux éditions La Découverte : « La rumeur de Roswell » (dont le titre est un clin d’œil à l’ouvrage classique d’Edgar Morin, La Rumeur d’Orléans), dans lequel il exprime son scepticisme face à la thèse du crash d’une soucoupe volante tout en contestant également les analyses réductrices souvent proposées par les sociologues sur ce genre d’événement. Il conteste notamment les analyses réductrices des rumeurs et « légendes contemporaines » (telles qu’on pourra par exemple les retrouver encore dans le livre de Saler, Ziegler et Moore) et montre que les ufologues se sont comportés de façon rationnelle, quelles que soient leurs opinions sur cette affaire.

Comparaison avec un crash d’avion:

Curtis Peebles, spécialiste de l’histoire de l’aviation militaire, a analysé les sites d’accident d’avion et les a comparé avec les informations sur Roswell. L’impact d’un avion sur le sol crée un cratère. S’il explose, le sol est brûlé, et même cinquante ans plus tard, il n’y a pas de vie végétale significative. L’U.S. Air Force ramasse parfois les débris ou alors les enterre dans un trou créé au bulldozer. Même dans le cas d’équipements secrets (ce fut le cas le 22 mai 1957, où un bombardier B-36 largua par erreur une bombe atomique non armée MK-17), il reste toujours des fragments sur une zone importante aux alentours du point d’impact. Et à Roswell, aucun cratère, aucune végétation brûlée, aucun appareil technologique. Seulement des baguettes en balsa et des débris d’aluminium correspondant à une cible de ballon Mogul.

Arnaque du détecteur de pétrole et création du mythe:

Le 8 juillet 1947, une première dépêche de presse annonce que la base de Roswell a récupéré une de ces « fameuses soucoupes volantes ». Quelques heures plus tard, une seconde dépêche de presse annonce que l’objet qui avait atterri était un ballon-sonde.

En 1950, Frank Scully écrit un ouvrage à sensation où il affirme que d’après d’éminents scientifiques, qu’il ne nomme pas, des soucoupes volantes se sont écrasées. Le journaliste Donald Keyhoe analysa cette affaire et conclut au canular. Après enquête fouillée, J.P.Kahn révéla que les deux fameux scientifiques étaient en réalité deux escrocs notoires déjà condamnés, Newton et Gebauer. Selon Karl Pflock, l’ouvrage de Corso The Day After Roswell n’est qu’un remake de l’affaire du détecteur de pétrole, orchestré par ces deux escrocs américains, Newton et Gebauer. Ces deux escrocs racontent l’histoire d’une soucoupe prétendument écrasée près d’Aztec au Nouveau-Mexique en mars 1948. Les seize « extraterrestres » retrouvés morts auraient été récupérés puis transportés ailleurs par l’U.S.Air Force. Et la technologie alien aurait permis la fabrication d’un engin « détecteur de pétrole ».

Trente ans plus tard en 1977, Léonard Stringfield écrit un autre ouvrage à sensation où il relate des crashs d’ovnis. Les témoins sont le plus souvent anonymes. En 1978, des ufologues rencontrent Jesse Marcel qui prétend que les débris ont été échangés et qu’il y a eu dissimulation. À partir de 1980, paraissent des ouvrages à sensation reprenant l’idée d’un complot.

Hommes du 509e:

En septembre 1996, Kent Jeffrey rencontre des militaires ayant appartenu au 509e groupe de bombardement basé à Roswell. Plusieurs pilotes lui affirmèrent « que l’histoire de la soucoupe écrasée n’était jamais arrivée ». Il n’eut pas l’impression que ces hommes participaient à une gigantesque opération de dissimulation, et cela près de cinquante ans plus tard. Il rapporte que ces hommes appartenaient à une unité d’élite, la seule à l’époque à posséder l’arme nucléaire, et qu’ils ressentent comme une injure à leur égard ces « histoires de conspiration » et ces « absurdités au sujet d’une soucoupe écrasée ».

Expériences militaires de 1947:

En 1947, les États-Unis entamaient les premières étapes de la Guerre froide avec l’Union soviétique ; furent donc mis en place de nombreux programmes militaires secrets pour espionner les Soviétiques, et plus précisément leurs programmes nucléaires. L’une des expériences qui furent menées à l’époque dans le Nouveau-Mexique sous l’égide de la New York University (NYU) était le Projet Mogul, destiné à détecter les essais nucléaires soviétiques grâce à l’envoi en haute altitude de grappes ou de trains de 20 à 30 ballons météo attachés à une ligne centrale portant quelques instruments et 2 à 3 cibles radar pour un poids total de 55 livres. Ces ballons en néoprène standard puis en polyéthylène gonflés à l’hélium étaient envoyés en haute altitude depuis la base Alamogordo dans le Nouveau-Mexique. Ainsi assemblés ils transportaient 2 cibles radar pesant une centaine de grammes en papier d’aluminium collées avec du papier adhésif sur des baguettes de balsa, puis ils retombaient au bout de quelques heures de vol dans un rayon d’une centaine de kilomètres de leur base de lancement selon les vents. En juin et juillet 1947, 6 lancers de ballons Mogul furent réalisés avant la découverte de Brazel. Tous les trains de ballons furent récupérés sauf deux : le vol no 4 du 4 juin et le vol no 9 du 3 ou 4 juillet.

853 rapports d’observations d’OVNI sont dénombrés en juin et juillet. Certains, comme l’Air Force (p. 3), ont supposé que la plupart de ces « soucoupes volantes » étaient en fait des ballons météo mal identifiés.

Les sceptiques, comme B. D. « Duke » Gildenberg, ont considéré l’enchaînement des évènements tel que rapporté en 1947 comme correct : un ballon météo ou un appareil similaire est découvert dans un ranch et des personnes n’ayant jamais vu ce type d’appareil auparavant pensèrent que c’était une de ces « soucoupes volantes » décrites dans les medias. Quand les personnes qui connaissaient les expériences avec les ballons et les équipements virent le matériel, la confusion fut dissipée et une rectification a été publiée dans les medias.

Grâce aux rapports de l’Air Force décrivant précisément le Projet Mogul et grâce aux reconstitutions de vols de cette expérience avec les participants du projet, en particulier Charles B. Moore (Ch.3), des critiques, tel Korff, ont suggéré que les témoins avaient en fait décrit des passages de cette expérience. « La question est maintenant de savoir quel genre de soi-disant soucoupe volante extraterrestre pourrait être construite avec des morceaux de cerfs-volants, du ruban adhésif avec des symboles écrits dessus et des feuilles d’aluminium. La réponse est probablement aucune, mais ce sont précisément les matériaux principaux d’un appareil du Projet Mogul (p.155). » L’US Air Force et les sceptiques ont retenu comme probable d’abord le vol de ballons Mogul en polyéthylène (matériau nouveau à l’époque), vol no 9 lancé le 3 ou le 4 juillet, avant de se rétracter car ces ballons ne portaient aucune cible radar ou instrument susceptible d’expliquer le témoignage erroné de Marcel et d’opter dans le rapport publié en 1994 pour le lancement de ballons Mogul en néoprène (matériau très commun), vol no 4 du 4 juin (dont on ne sait s’il transportait des cibles radar). Or, d’après le journal de l’ingénieur Albert Crary chargé de la réalisation pratique de ces lancements de ballons Mogul, le vol no 4 a été annulé à cause d’un ciel nuageux.

Certains livres pro-OVNI suggèrent que les militaires hautement entraînés de la base de Roswell, Marcel particulièrement, ne pouvaient pas confondre de communs débris de ballons avec quelque chose « qui n’est pas de ce monde ». Ces débris étaient notamment constitués de feuilles d’aspect métallique, extrêmement légères, fines et résistantes qu’on ne pouvait couper, brûler ou déchirer et qui reprenaient leur forme initiale après qu’on les a froissées. Pour Marcel ces matériaux ne pouvaient provenir d’un ballon notamment en ce qui concerne un tissu d’aspect métallique poreux. Todd et le sceptique Timothy Printy soulignent également que le radar était relativement nouveau en 1947 et que, bien que la base de Roswell fût la seule base nucléaire sur la planète, elle n’était pas encore équipée de radar. La description de certains débris par des témoins évoque du matériel en rapport avec les radars. Par ailleurs, les cibles radar propres à l’usage des séries de ballons Mogul étaient nouvelles et n’étaient pas largement utilisées aux États-Unis à l’époque (p. 164). Cependant ces cibles étaient faites de matériaux très communs (feuille d’aluminium, baguettes de balsa, ruban adhésif). Il n’y a pas de preuve dans le dossier militaire de Jesse Marcel qu’il ait approché du matériel utilisé dans les séries de ballons mais on peut supposer bien évidemment qu’il aurait reconnu cependant des constituants aussi banals. Étant donné qu’il a identifié du matériel qui s’est révélé être un cerf-volant radar dans ce qu’il a retrouvé, les sceptiques pro Air Force affirment qu’il a probablement dû être embarrassé d’admettre plus tard qu’il ne connaissait pas ce type d’équipement. Il faut néanmoins souligner que Marcel a récolté une très grande quantité de ces débris et qu’il serait donc très étonnant qu’il ait pu confondre des morceaux de néoprène du fil nylon du ruban adhésif à fleurs et des feuilles d’aluminium éparpillés par le vent avec des débris si étranges qu’il crut bon de s’arrêter à son domicile pour les montrer aux membres de sa famille. De plus ces débris, très résistants, de différents types étaient dispersés en centaines de fragments comme par une explosion sur une surface d’un kilomètre de long et plus d’une centaine de mètres de large selon Marcel, donc bien plus large que ce qu’auraient pu couvrir les débris d’un train de ballons Mogul. Le général Arthur Exon, alors stationné à White Field et soutenant la réalité de l’engin extraterrestre, déclara à l’enquêteur Kevin Randle avoir, en juillet 1947, survolé le site et observé la zone de débris du ranch de Brazel et un profond sillon dans le sol qui contredirait donc l’atterrissage en douceur d’une grappe de ballons de 55 livres poussée par le vent.

Conclusions contradictoires et recherches discutables:

Les critiques soulignent le fait que des événements appartenant à divers prétendus crash d’ovnis sur un grand nombre d’années sont parfois rassemblés en un seul événement (p. 66) et que trop d’auteurs sans esprit critique adoptent n’importe quel témoignage suggérant l’existence d’extraterrestre, et cela même quand les rapports se contredisent. Karl Pflock, qui a été un ardent défenseur de la thèse extraterrestre à Roswell, déclare : « Roswell est un exemple classique de triomphe de la quantité sur la qualité. Les partisans du crash d’une soucoupe volante… rassemblent tout ce qui semble soutenir leur thèse et l’empilent dans le tiroir « preuves » en disant « vous voyez, tout ce que nous avons là. Nous devons avoir raison ! Peu importe les contradictions. Peu importe l’absence de faits rapporté par des personnes neutres. Peu importe les absurdités » (p. 223).

Kal Korff pense qu’il y a de bonnes raisons pour certains de promouvoir la thèse extraterrestre à Roswell, alors que les chercheurs ne font pas leur travail correctement : « Le domaine de l’ufologie est constitué de personnes qui sont prêtes à tirer avantage de la crédulité des autres, particulièrement parmi les gens qui peuvent rapporter de l’argent. Le mythe de l’OVNI à Roswell a rapporté beaucoup d’argent aux groupes ufologues, aux publicitaires, à Hollywood, à la ville de Roswell, aux médias (…) à côté de ça, le nombre de chercheurs qui utilisent les outils de la science et sa méthodologie est extrêmement petit » (p. 248).

Gildenberg calcule qu’en additionnant tous les témoignages, on arrivait à 11 sites différents du crash et que toutes les informations mises bout à bout ne ressemblent que de très loin au témoignage originel de 1947. Certains témoignages pourraient même avoir été mélangés avec ceux de crash militaires qui sont survenus par la suite dans la région entre 1948 et 1950.

Charles Ziegler soutient la thèse que l’incident de Roswell a toutes les caractéristiques d’un conte populaire, un mythe moderne dans le sens littéraire du terme (p. 1). Il identifia six procédés narratifs distincts commençant avec « l’incident de Roswell » en 1980, suivi de la transmission par des conteurs qui façonnèrent l’histoire. Certains élaboraient autour de l’histoire originale et parfois ceux qui avaient été les premiers témoins finissaient par être rejetés par ceux qui devenaient les gardiens de l’affaire. D’autre finissaient par raconter l’histoire autrement et le processus reprenait. Tout en notant que certaines croyances de la culture ufologue demeuraient intactes (« Le gouvernement conspire et nous cache des informations sur le fait que les extraterrrestres nous rendent visite »), d’autres croyances se modifient, reflétant les changements du mouvement. Le fait que le témoignage de Sheridan Cavitt ait été complètement occulté, lui qui pensait que les débris n’étaient rien d’autre que des morceaux d’un ballon météo, est une autre démonstration de la construction des mythes qui passe par le rejet des informations dérangeantes.

Développements récents
Changement de point de vue:

Une des conséquences immédiates du rapport de l’Air Force sur l’incident fut la décision de plusieurs personnalités de la communauté ufologue de ne plus associer l’affaire à un vaisseau extraterrestre. Le rapport est la cause principale de cette décision mais une autre raison peut être trouvée dans la diffusion de documents secrets de 1948 qui montraient que de hauts responsables de l’Air Force à l’époque ne savaient pas ce qu’étaient vraiment les OVNI présentés dans les médias et qu’ils soupçonnaient l’existence d’engins d’espionnage soviétiques. En janvier 1997, Karl T. Pflock, un des plus importants partisans de l’hypothèse extraterrestre, déclara : « À partir de mes recherches et celles d’autres personnes, je n’ai aucune preuve absolue qu’une soucoupe volante se soit écrasée dans la région de Roswell ou dans les plaines de San Agustin en 1947. Les débris trouvés par Mac Brazel (…) sont des morceaux de quelque chose de très terrestre, certainement quelque chose en rapport avec le Projet Mogul (…) Les archives classifiées des correspondances et conversations entre les responsables de l’Air Force qui devaient enquêter sur cette affaire jusque dans les années 1950 montrent de manière limpide qu’ils n’avaient ni épave, ni cadavres d’équipage, bien qu’ils aient cherché de telles preuves. »

Kent Jeffrey, qui avait organisé des pétitions à l’attention du Président Bill Clinton afin de l’obliger à déclassifier les informations sur l’incident, conclut de la même façon qu’il y avait peu de chance que des extraterrestres aient été impliqués dans cette affaire.

Un autre auteur de premier plan, William L. Moore dit en 1997 : « Après une étude attentive et approfondie des développements récents de l’incident (…) je ne crois plus à l’explication extraterrestre pour cet événement ». Moore était le coauteur du premier ouvrage sur l’incident de Roswell.

Révélations de recherches douteuses et de canulars:

À peu près à la même époque, un conflit apparut entre deux auteurs qui avaient écrit sur l’incident : Kenvin Randle et Donald Schmitt qui étaient tous deux reconnus comme des figures majeures des enquêtes civiles autour de l’affaire. Tout d’abord, le rapport de l’Air Force indiquait que certaines recherches prétendues n’avaient pas été faites. Ensuite, Schmitt avait prétendu avoir une maîtrise et qu’il était en train d’obtenir un doctorat en criminologie. Il prétendait également être un illustrateur médical. Les recherches ont montré qu’il était en fait coursier à Hartford dans le Wisconsin et n’avait aucun diplôme. Randle prit donc publiquement ses distances avec Schmitt en l’accusant d’être un mythomane.

Plusieurs témoins se sont révélés être des affabulateurs ou ont été suspectés d’avoir diffusé des canulars. Frank Kaufmann, une source du rapport sur les extraterrestres dans le livre de Randle et Schmitt en 1994, mais dont le témoignage avait été « ignoré » par l’Air Force semble avoir créé de toutes pièces certains documents et avoir grossi son rôle à Roswell. Randle rejeta officiellement ces témoignages dans un article de 2002. Glenn Dennis, qui avait déclaré que des autopsies avaient eu lieu à la base de Roswell et qu’il aurait été victime de menaces, a été présenté comme un des témoins « les moins crédibles » par Randle en 1998, alors que son témoignage avait été mis en avant dans son livre écrit avec Schmitt.

Analyse photographique du télégramme de Ramey:

Plusieurs ufologues dont David Rudiak se sont intéressés à une photo de 1947 sur laquelle on peut voir Ramey présentant des débris de ballon, et tenant à la main ce qui semble être un télégramme. En travaillant sur des agrandissements de la portion de photo montrant le télégramme, ces ufologues prétendent y lire des phrases telles que « les victimes de la catastrophe » (the victims of the wreck) qui tendraient à prouver l’existence d’êtres vivants impliqués dans le crash. D’autres analyses photographiques, comme celle effectuée par le Dr James Houran, indiquent plutôt que les caractères sont illisibles et que les phrases mises en valeur par les ufologues sont plus imaginées que déchiffrées.

Affirmations récentes:

En 2002, une chaîne de science-fiction (Sci-fi channel) finança des fouilles sur le site de Brazel dans l’espoir de découvrir des débris que les militaires n’auraient pas trouvés. En février 2005, ABC diffusa une émission spéciale sur les OVNI dont l’animateur était Peter Jennings. Jennings présenta le cas de Roswell comme un « mythe (…) sans le moindre soupçon de preuve ». ABC avait accepté l’explication de l’Air Force que l’incident n’était que la conséquence de la chute d’un ballon-sonde du projet Mogul.

En octobre 2007, alors candidat aux élections présidentielles, Richardson s’expliqua sur sa demande de publication des dossiers du gouvernement sur l’incident de Roswell en disant que lorsqu’il était au congrès, il avait tenté d’obtenir des informations mais qu’il s’était vu répondre de la part du ministère américain de la défense et du laboratoire de Los Alamos que l’information était classifiée. « Cela m’a intrigué, dit-il, le gouvernement ne dit pas la vérité autant qu’il le devrait et sur de nombreux sujets ». Il promit de faire publier les dossiers s’il était élu. En juillet 2008, dans une interview donnée à Kerrang Radio, l’astronaute Edgar Mitchell déclare que le crash de Roswell a bien eu lieu selon lui et que les autorités US ont utilisé la technologie extraterrestre et dissimulé pendant 60 ans la réalité du phénomène.

Le 12 juillet 2012, un ancien agent de la CIA prétend avoir découvert au milieu des années 1990, dans les archives de la CIA un dossier secret sur l’affaire Roswell avec des photographies qui attesteraient de la présence d’un OVNI sur cette zone.

Source: Wikipédia

Affaire de Roswell

NDLR: Malheureusement, la vidéo a disparu.


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En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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