Vampires légendaires

Vampires légendaires

On a appelé Upiers, ou plus généralement Vampires dans nos pays, des cadavres qui revenaient à la surface la nuit, infestaient les villages, maltraitant hommes et animaux, et surtout buvant le sang des vivants, les épuisant jusqu’à ce que mort s’ensuive.

On ne s’en délivrait qu’en les exhumant, leur coupant la tête et leur arrachant le coeur.

On n’y croit plus beaucoup, mais on suppose encore que les défunts qui ont eu des querelles avec des personnes de leur entourage viennent, vers minuit, les tirer par les pieds ou les embêter de diverses manières.

Mais il existe une autre forme de vampirisme qui consiste sinon à sucer le sang, du moins à soustraire de la force vitale à quelqu’un, ou à le rendre fou.

N’a-t-on pas remarqué, comme l’écrit M. C. Poinsot, qu’un individu sexuellement très puissant peut épuiser sa femme ou sa maîtresse?

Eh bien, par des manoeuvres d’ordre suggestif ou magnétique, on peut arriver à un résultat analogue.

C’est un truc fréquemment employé par les sorciers.

Ils ne font qu’imiter en cela le système des maris jaloux, mais doués de tempérament, qui fatiguent à tel point leur épouse qu’elle n’est plus à même de les tromper.

Signalons, en passant, que cette méthode peut se retourner contre celui qui s’en sert, car, comme chacun le sait, un homme donne beaucoup plus de lui-même dans l’amour que sa partenaire et il peut fort bien être épuisé le premier.

Mais revenons à nos vampires campagnards. Voici une série de faits choisis dans les annales de l’occultisme.

Arnold Paole, du village de Meduegna, honnête homme s’il en fut, se crut hanté par un vampire. Il mourut apparemment d’une chute, peu de temps après avoir exprimé ses terreurs à sa jeune femme.

I1 va sans dire que celle-ci avait répandu dans les alentours l’histoire du vampire de son mari. Trente jours après ce qu’on appela le décès de Paole, plusieurs habitants de Meduegna se plaignirent d’être visités par son cadavre.

C’est qu’en effet, toute victime d’un vampire devient elle-même suceuse de sang. C’est la loi.

Quatre de ses voisins le suivirent dans la tombe. Bientôt, la terreur envahit tout le district.

Pour calmer l’épouvante des habitants et couper le mal dans sa racine, l’autorité résolut d’exhumer publiquement Arnold Paole et ses Co-vampires, et de les faire examiner par un médecin.

Il y eut une commission d’enquête dont firent partie deux chirurgiens militaires.

Le fossoyeur, en présence des autorités, enleva la terre, sortit la bière du trou et en fit sauter le couvercle.

« Ah! Ah! dit-il en montrant les lèvres rouges d’un sang tout frais, tu n’as pas encore essuyé ta bouche du travail de la nuit. »

Les spectateurs frémirent. Le chirurgien en chef réprima une exclamation d’horreur. On inspecta le corps.

Après trente jours, il semblait mort de la veille.

En le maniant, la première peau et les ongles des mains s’enlevèrent; mais il y avait, dessous, une nouvelle peau et de nouveaux ongles.

Comment auraient-ils pu pousser si le corps n’avait eu de quoi puiser une provende de sang?

Le cas parut donc très clair à la savante commission; le vampire était devant leurs yeux.

Aussi, sans plus d’information, on fit percer la poitrine de ce malheureux Arnold à l’aide d’un pieu tranchant.

Le sang jaillit à flots, le corps poussa un gémissement très distinct, et le petit tambour du régiment qui se trouvait là cria en se sauvant: « Meurtre! meurtre! »

La vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants?

On réduisit le corps en cendres. Les quatre personnes qu’on avait supposées mordues et vampirisées par Arnold subirent le même sort.

Et l’on crut pouvoir dormir tranquille.

Cinq ans plus tard, dans le même village, les vampires avaient fait une nouvelle invasion.

Il y eut alors grande enquête. On ouvrit douze tombeaux, et voici le procès-verbal de l’autopsie des corps, ou du moins de quelques-uns d’entre eux:

Une femme du nom de Srana, âgée de vingt ans, était au cimetière depuis trois mois. Après deux jours de maladie, on l’avait enterrée sans délai.

Elle avait avoué, avant son décès, qu’elle s’était frottée elle-même du sang d’un vampire, afin de se délivrer de sa persécution; ce moyen n’avait pas réussi. Elle et son enfant, lesquels, entre parenthèses, on n’avait même pas inhumés, mais qu’on avait laissé manger par les chiens, avaient été tenus pour morts.

Le corps de Srana fut trouvé intact, sans la moindre décomposition.

La poitrine, une fois ouverte, apparue remplie de sang frais, et les intestins étaient dans un état parfait de conservation.

Une autre femme, Militza, était morte, se disait-on, après trois mois de maladie, et avait plus de quatre-vingt-dix jours d’inhumation.

La poitrine contenait du sang liquide et les entrailles étaient en excellent état.

Un témoin le trouva même de meilleure condition et plus gras qu’il n’avait été avant que la femme fût vampire.

Le corps d’une petite fille de 10 ans, morte à la manière des autres, trois mois auparavant, fut trouvé entièrement sain et la poitrine pleine de sang

Enfin, Stanjoïka, la femme d’un « Heyduc », morte à vingt ans en trois jours, enterrés depuis deux semaines, avait une figure florissante, du sang liquide dans le coeur, les viscères parfaitement sains et la peau très fraîche.

Sur onze corps, deux seulement étaient cadavres, c’est-à-dire dans un état de décomposition assez avancé.

Le document qui révèle les petites horreurs ci-dessus est signé par trois chirurgiens de régiment, et formellement contre signé par un sous-lieutenant et un lieutenant-colonel.

Il porte la date du 7 juin 1732, et se trouve dans les archives de Belgrade.

Pour écarter les vampires, on assassina ce jour-là neuf infortunés qu’on aurait peut-être pu rappeler à la vie… En effet, c’était là, sans doute autant de cas de léthargie ou de catalepsie.

Source: Diable, démons et Vampires. Édition: Poche Sélect. 1977

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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