Le Sergent Bertrand, monstre vampire.

Le Sergent Bertrand, monstre vampire. Partie 6 de 6

Les vampires ne sont pas tous comme ceux dans les films. Ils sont pour la plupart humains, mais avec des penchants extrêmes. Certains font du cannibalisme, d’autres sont nécrophiles et bien d’autres. Et voici le cas du Sergent Bertrand.

Dernière Partie.

… Je reprends maintenant ma déclaration publique. Elle est chose capitale. C’est le seul écrit qu’aura de moi la postérité. Et quel écrit!

Où en étais-je? Ici :

« Depuis, je ne suis retourné que deux fois dans ce cimetière où il était très difficile de pénétrer.

La première fois, à minuit, par un clair de lune sublime, je vis un gardien qui avançait dans une allée, un pistolet à la main; j’étais perché sur un arbre, près du mur d’enceinte, et sur le point de descendre dans le cimetière. Il passa tout près de moi et ne me vit pas.

Quand il se fut éloigné, je sortis sans rien faire. La première fois, je déterrai une vieille femme et un enfant, que je traitai de la même manière que mes autres victimes.

Il m’est impossible de me rappeler des dates de ces deux derniers attentats. Tout le reste se passa dans le cimetière où sont enterrés les suicidés et les personnes mortes aux hôpitaux.

Le premier individu que j’exhumai dans ce lieu fut un noyé auquel je ne fis qu’ouvrir le ventre. C’était vers le 30 juillet.

Il est à remarquer que je n’ai jamais pu mutiler un homme, je n’y touchais presque jamais, tandis que je coupais une femme en morceaux avec un plaisir extrême…

Je ne sais à quoi attribuer cela.

Du jour de l’exhumation du cadavre dont je viens de parler au 6 novembre 1848, je déterrai et mutilai, quatre morts, deux hommes et deux femmes. Celles-ci avaient au moins soixante ans.

Je ne puis fixer l’époque de ces exhumations, elles eurent lieu à peu près de quinze en quinze jours.

Le 6 novembre, à dix heures du soir, on me tira un coup de pistolet au moment où j’escaladais la clôture du cimetière.

Je ne fus pas atteint. Ce fait ne me découragea pas; je me couchai sur la terre humide et je dormis environ deux heures, par un froid rigoureux.

Je pénétrai de nouveau dans le cimetière, et je déterrai le corps d’une jeune femme noyée, que je mutilai.

À dater de ce jour, jusqu’au 15 mars 1849, je ne suis retourné que deux fois au cimetière : une fois du 15 au 20 décembre, et l’autre au commencement de janvier.

Ces deux fois encore, j’ai éprouvé deux coups de feu; le premier qui m’a été tiré à bout portant, a fait balle et a traversé ma capote à la hauteur de la ceinture, derrière le dos, sans me toucher;le deuxième coup ne m’atteignit pas non plus.

En vérifiant la position de l’arme, je remarquai qu’elle était placée pour frapper en pleine poitrine. Je me sauvai de ces deux coups de feu comme par miracle; le fii de fer qui barrait le passage, ne se trouvant pas assez tendu, me permit de dépasser avant qu’elle fît feu.

La première quinzaine de janvier 1849 au 15 mars, je n’avais ressenti aucune nouvelle attaque de folie, j’éprouvait même de l’éloignement pour ce qui avait fait si longtemps mon bonheur, si je peux parler de la sorte, quand mon malheur voulut que je passasse devant le cimetière Montparnasse.

La curiosité, plus que l’envie de faire mal, me fit escalader et c’est en sautant dans le cimetière que j’ai reçu le coup qui m’a conduit à l’hôpital.

Je suis certain que si j’avais été manqué cette fois, je ne serais retourné de ma vie dans un cimetière, j’avais perdu toute ma hardiesse.

Dans les commencements, je ne me livrais aux excès dont j’ai parlé qu’étant un peu pris de vin. Dans la suite, je n’eus plus besoin d’être excité par la boisson, la contrariété seule suffisait à me pousser au mal.

On pourrait croire, après tout cela, que j’étais également porté à faire du mal aux vivants; c’est le contraire, je n’aurais pas fait de mal à un enfant. Aussi suis-je certain de n’avoir pas un seul ennemi au 74e de ligne.

Tous les sous-officiers que je fréquentais m’estimaient pour ma franchise et ma gaieté. (Mouvement dans l’auditoire).

Mouvement?… Mais, bande d’imbéciles, qu’y a-t-il d’étonnant à ce que je sois franc et gai?…

Franc, je le suis avec tous ceux qui le méritent, les bons camarades, les hommes courageux, les justes.

Gai, je m’honore de l’être, car rien dans ma jeunesse ne m’y a préparé. Quant à ceux qui se rapportent à mes moeurs privées pour me supposer triste, je leur apprends que les morts déçoivent moins que les vivants. Avec eux, aucun risque de ces canailleries qui font amants et maris moroses, désabusés, vieux avant l’âge. Je n’ai jamais été cocu, moi!

***

Rue du Cherche-Midi.

Le conseil de guerre reconnaît à l’unanimité Bertrand coupable de violation de sépulture et le condamne à un an de prison, maximum porté par l’article 360 du Code pénal.

Cet article réprime tout acte, volontairement accompli, de nature à violer le respect dû aux dépouilles des morts, aux tombeaux et aux sépultures, abstraction faite de l’intention de l’agent.
Laquelle est indifférente.

FIN

Source : Diable, démons et Vampires. Édition : Poche Sélect. 1977

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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