Le Sergent Bertrand, monstre vampire.

Le Sergent Bertrand, monstre vampire. Partie 1 de 6

Les vampires ne sont pas tous comme ceux dans les films. Ils sont pour la plupart humains, mais avec des penchants extrêmes. Certains font du cannibalisme, d’autres sont nécrophiles et bien d’autres. Et voici le cas du Sergent Bertrand.

Première Partie.

Le plus fameux des « Vampires » est certainement le Sergent Bertrand, non seulement parce qu’il a établi une sorte de record des violations de sépulture, mais surtout parce que c’était un homme qui n’avait rien d’une brute épaisse, ni d’un minus habens, qu’au contraire il était délicat, joli garçon, bien élevé et bien noté dans son régiment.

Il eut, au cours de son procès, cette réflexion qui laisse rêveur: « Toute la jouissance qu’on peut avoir avec une femme vivante n’est rien en comparaison de celle que j’éprouvais ».

Né en 1823 dans la Haute-Marne, François Bertrand eut une enfance sans histoires, mais mélancolique. Après quelques études au séminaire de Langres, il s’engagea dans l’armée et devint rapidement sergent.

Il avait une belle carrière devant lui lorsqu’il fut surpris dans un cimetière parisien, ce qui lui valut le titre populaire de « Vampire du Montparnasse ».

Mais il avait auparavant fréquenté bien d’autres cimetières, notamment le Père Lachaise, et exhumé partout des cadavres fraîchement enterrés.

La littérature ne pouvait manquer de s’emparer de ce personnage hors du commun.

Guy de Wargny a publié, en 1965, un ouvrage intitulé « La Bête noire », qui cerne mieux que tout autre la nature du nécrophile. L’auteur mêle de façon élégante la vérité historique la plus stricte à des mémoires imaginaires comme sut en écrire avec bonheur Marguerite Yourcenar, ce qui permet des plongées psychologiques remarquables.

On trouvera ci-après, pour aller jusqu’au bout du sujet, un large extrait de ce livre.

Nous le prenons au moment où Bertrand va commettre son premier attentat, sur la personne d’une jeune morte de son voisinage:
« Je monte dans la chambre mortuaire, au premier étage, mais je ne regarde qu’un instant l’objet de mes amours. Je tiens à conserver tout mon sang-froid jusqu’à l’heure propice. »

« À la lueur des cierges, deux vieilles du voisinage récitent le rosaire. J’ai quand même le temps de m’apercevoir que Juliette est devenue belle idéalement, d’une beauté plus qu’humaine et tout éthérée. Le coeur plein d’allégresse, je sors après avoir trempé le buis dans l’eau bénite et lancé quelques gouttes au pied du lit. »

« Pendant le dîner, iI est convenu que tout le monde veillera ensemble jusqu’à minuit. Je passerai le reste de la nuit seule, face à face avec la défunte »

« Ma cousine me conseille de me reposer en attendant. Je ne me fais pas prier: i’ai hâte de m’isoler pour songer tout à mon aise.
Durant près d’une heure, je marche de long en large, le cerveau agité, les narines palpitantes. De temps en temps je m’arrête pour considérer, dans un miroir que je dévoile, mes yeux luisants, presque phosphorescents dans la pénombre. Je passe une main fiévreuse sur mon front moite et grimace un sourire que l’on croirait cruel.
– Du calme, me dis-je à mi-voix, je vais avoir besoin de toute ma présence d’esprit pour employer chaque seconde, pour ne rien gâcher d’une bonne fortune qui ne se présentera sans doute jamais plus. Il faut accomplir un chef d’oeuvre. »

« Vaicu par la fatigue, je m’abats sur le lit et sombre dans un sommeil profond: mais lorsque la cousine me réveille, je n’ai aucune peine à reprendre conscience. Après m’être assuré que tous sont couchés, j’entre dans la chambre qui va devenir nuptiale, refermant soigneusement la porte au verrou. »

« Ainsi qu’il convient pour des noces, Juliette a été revêtue de blanc. Ses longs cheveux dorés reposent sur le côté droit de la tête. Ses paupières closes lui donnent l’aspect d’une vierge sage. Sa physionomie est empreinte de modestie, de sérénité, d’abandon; nulle tristesse ne la dépare. J’y contemple avec bonheur un air d’indifférence effaçant à jamais le rictus bestial qui m’avait tant déplu le soir de la fête. Ses mains sont jointes et entourées d’un chapelet. Ses petits pieds marquent à peine le drap qui la recouvre. Mon regard suit lentement les contours de son beau corps dont l’immobilité éveille toute ma convoitise. En un coup, le sang me monte à la tête. Je m’avance, je dénoue ses mains et jette au loin le chapelet ridicule. Ses bras sont retombés; ils pendent de chaque côté du lit, offrant l’image de la parfaite soumission. Je me penche alors, plein d’amour, et pose mes lèvres sur la bouche qui ne parlera plus. Comme elle est froide, délicieusement froide! Plus rien n’y subsiste de cette chaleur écoeurante de la vie. Je couvre de baisers le visage bien sec et comme pétrifié, le cou, les épaules; mes doigts jouent dans les cheveux défaits, palpent des rondeurs jumelles, s’égarent parmi les creux. Hors de moi, j’arrache le drap, j’arrache la robe, j’arrache tout. Un cri m’échappe, le cri de l’avare qui découvre un trésor. Je me rue. Je me vautre. J’épouse Juliette. »

« Plus tard, je l’ai entaillée un peu. Mon canif coupait à merveille dans la chair pulpeuse. Trois heures durant, j’ai pu approfondir le problème. Puis j’ai rafistolé tout ça au mieux, personne n’a rien remarque. »

***

Le président. – Lorsque vous ouvriez les cadavres, ne plongiez-vous pas les mains dans l’intérieur?
L’accusé (avec impassibilité et sur le ton le plus calme). – Oui, mon colonel, j’y mettais les mains pour en arracher les entrailles, et souvent j’allais jusqu’aux régions supérieures d’où j’arrachais le foie. (Mouvement d’horreur dans l’auditoire).

***

Source: Diable, démons et Vampires. Édition: Poche Sélect. 1977

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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