Les vampires du canton de Vaud

En 1436, des paysans du canton de Vaud furent accusés d’anthropophagie de manger leurs propres enfants pour satisfaire la férocité de leurs appétits.

On les disait soumis à Satan et on faisait courir le bruit que treize personnes avaient été dévorées par eux en très peu de temps.

Immédiatement, le juge de Boligen et l’inquisiteur d’Étude instruisirent l’affaire.

Manquant de preuves, pour obtenir des aveux, ils soumirent les accusés à la torture. Aussitôt, quelques-uns d’entre eux confessèrent qu’ils avaient le pouvoir de faire périr les enfants par le charme de leurs paroles. Mais ils révélèrent aussi que certains avaient été tués par l’action d’un vampire qui leur suçait régulièrement le sang

D’autres déclarèrent qu’ils avaient le pouvoir de se transformer en loup pour venir manger les enfants. Une femme avoua que, dans cet état, elle s’accouplait avec des mâles à quatre pattes.

À la même époque, de nombreux cas de lycanthropie c’est-à-dire de transformation en loup survinrent en divers lieux.

La croyance aux loups’garous ou lycanthropes, remonte en fait à l’antiquité.

Virgile, Strabon, Varron, Saint Augustin en parlent.

En outre, nous trouvons dans le Satyricon de Pétrone un récit détaillé qui nous éclaire beaucoup sur la question.

Le voici :
« Par bonheur, mon Patron devait aller à Capoue pour trafiquer de quelques nippes assez belles. »

« Profitant de l’occasion, j’invitai mon compagnon de chambre à me faire la conduite chez ma petite amie, à cinq milles du logis. »

« C’était un brave à trois poils, soldat de pieds en cap, robuste s’il en fut et courageux comme Orcus. »

« En route au Premier chant du coq, nous marchions par un clair de lune aussi limpide que le jour et, bientôt en rase campagne, nous nous trouvâmes parmi les tombeaux. »

« Tout à coup, au milieu du chemin, voilà mon homme qui s’arrête, puis se met à incanter les étoiles. Moi, je m’assieds en fredonnant et regarde aussi les astres pour ne pas troubler le sortilège. »

« Mais bientôt, portant les yeux sur mon étrange ami, je l’aperçois en train d’ôter ses habits qu’il dispose avec ordre sur le bord du chemin. »

« À ce spectacle, je commence à m’inquiéter. Peu à peu, l’épouvante me gagne. le reste immobile, plus raide et plus froid qu’un trépassé. »

« Lui cependant urine tout autour de ses vêtements et, soudain, se transforme en loup. »

« Ne croyez pas que je raconte des blagues. Mentir là-dessus, pour tout l’or du monde je ne le ferais pas. »

« Mais où donc en étais-je ? »

« Voici : à peine devenu loup, notre homme se met à hurler puis à fuir vers les bois. Je ne savais d’abord à quoi me résoudre; mais après quelques minutes, recouvrant mes esprits, je m’approche de ses habits afin de les emporter. »

« Ils étaient changés en pierre; c’était à mourir de peur, convenez-en. Toutefois, j’eus la présence d’esprit de dégainer, car je n’ignore point combien les larves, lémures et fantômes redoutent le tranchant de l’épée. »

« M’escrimant ainsi de droite et de gauche contre les stryges aériennes, j’arrivai clopin-clopant à la villa de ma maîtresse. Je tombai quasi sans mouvement sur le seuil. La sueur inondait mon visage et mes dents claquaient comme dans la fièvre. »

« Alarmée et surprise de me voir dans un tel état, ma chère Melissa me fit quelques reproches d’arriver à une heure aussi indue :
– Si tu étais venu un peu plus tôt, me dit-elle, tu nous aurais été d’un grand secours. Imagine-toi qu’un loup de grande taille a pénétré dans l’étable et saigné tous nos moutons à la gorge, comme un boucher de profession. Ni les cris, ni les fourches n’ont pu l’arrêter dans sa besogne. Mais bien qu’il se soit enfui, grâce à l’incapacité de nos valets, il n’en a pas moins reçu de l’un d’eux un solide coup d’épieu à travers le cou. »

« Je vous laisse à penser qu’elle fut ma stupeur en écoutant ce récit. Dès que le jour parut, je galopai vers la ville, avec l’empressement d’un aubergiste volé par des brigands. »

« Arrivé à l’endroit où j’avais laissé les effets de mon compagnon transmués en cailloux, je ne trouvai plus rien sinon une large traîné de sang. Quelques gouttes, çà et là, tachaient la poussière, comme il en tombe d’une blessure fraîchement ouverte. »

« Étant peu après de retour dans notre logis, je trouvai le soldat brave comme Orcus étendu sur des matelas et saignant comme un boeuf, tandis qu’un chirurgien était occupé à le panser autour de la gorge. »

« Alors, je compris que j’avais fait route avec un loup-garou qui changeait de figure à sa guise. »

« À partir de ce moment, je refusai de manger avec cet individu, et l’on m’eût assommé plutôt que de me faire asseoir auprès de lui. »

« Libre aux esprits forts de ne pas me croire! Mais je veux être pendu si j’exagère d’un iota… »

Source : Diable, démons et Vampires. Édition : Poche Sélect. 1977

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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