Jack L'Éventreur

Jack L’Éventreur

En 1888, à Londres, un avis de la police métropolitain fut ainsi rédigé:
« Dans la nuit du vendredi 31 août, du samedi et du dimanche 30 septembre, des femmes ont été assassinées à Whitechapel, ou à proximité, par quelqu’un habitant le quartier. Si vous connaissez une personne à qui s’attache quelque soupçon, vous êtes instamment prié de vous mettre en communication avec le poste de police le plus proche. »

C’est en réalité dans la nuit du 6 au 7 août que le sadique anonyme surnommé bientôt Jack l’Éventreur par le populaire commit son premier crime.

Cette nuit-là, Martha Turner, fille publique de bas étage, buvait force bières au bar de l’Ange et de la Couronne, dans la compagnie d’un militaire qui regagna vers une heure du matin
à la Tour de Londres.

À l’aube, un certain John Reeves qui partait tôt pour son travail, trouva dans l’encoignure de l’escalier de sa maison, le cadavre d’une femme recroquevillée sur elle-même et baigna
dans son sang. Son corsage était déchiré, sa poitrine tailladée.

Il avertit aussitôt la police qui commença son enquête; mais outre que les recherches se révélèrent difficiles, elle ne mit pas en branle un grand appareil, car on apprit bientôt que la victime n’était qu’une prostituée doublée d’une ivrognesse.

Pourtant, l’affaire ne fut pas classée, car l’assassin avait exécuté son forfait avec un raffinement tout à fait extraordinaire.

À l’autopsie, on avait constaté la présence de trente-neuf blessures faites d’une part avec couteau à lame longue, et d’autre à l’aide d’un instrument chirurgical.

La gorge avait subi neuf coups, la poitrine dix-sept, le ventre seize. Tous ces coups avaient été portés avec une sauvagerie inouïe en même temps qu’avec une science certaine de 1’anatomie.

Le 31 août suivant se produisit le second crime connu de l’étrange tueur.

Une autre prostituée, Marianne Nicholls, fut découverte éventrée sous une bâche, à l’angle de Thrawl street. Du sang coulait encore d’une blessure faite à son cou.

La police établit que Marianne avait été vue pour la dernière fois une heure environ avant la crime, c’est-à-dire à deux heures et demie de la nuit, par une de ses compagnes du trottoir. Elle avait quitté celle-ci en lui disant:
« -Pas de chance, ce soir! »

Et elle s’était dirigée vers son domicile, une maison sordide construite sur d’anciennes fosses à immondices et toujours puante.

Marianne avait pourtant bien débuté dans la vie: femme d’un honnête imprimeur, elle lui avait donné cinq enfants. Peu à peu, s’adonnant à la boisson, elle avait gâché son ménage, avait abandonné son mari et ses enfants, et avait finalement échoué dans la prostitution la plus basse, s’offrant aux passants pour quelques shillings, de quoi se payer un verre de gin.

À nouveau, l’autopsie révéla chez l’assassin un art consommé de l’anatomie: la gorge avait été tranchée d’une oreille à l’autre et le ventre vidé proprement de ses entrailles.

Le tout avait été effectué avec une sûreté de main et une promptitude extraordinaire.

Ainsi donc, un criminel qui possédait des talents de chirurgien avait décidé de s’en prendre aux filles publiques londoniennes. Était-ce pour assouvir plus facilement ses instincts sadiques était-ce par une haine particulière des prostituées? Ou pour combattre de façon spéciale, mais directe le fléau de la prostitution, l’immoralité des femmes?

La police se perdait en conjectures et les habitants de Whitechapel commençaient è trembler.

Il y avait de quoi.

Le 8 septembre, à six heures du matin, des cris « À l’assassin » retentirent dans le brouillard.

L’inspecteur Chandler, qui se trouvait dans les environs, accourut et se trouva dans une petite cour, 21, Hanbury street.

Il y avait 1à une femme accroupie contre le mur, les vêtements déchirés, la tête presque entièrement détachée du cou.

Le meurtrier avait noué une écharpe rouge pour que la tête restât sur les épaules de sa victime.

I1 s’agissait encore une fois d’une fille publique, Annie la Brune, qui donnait rendez-vous è ses clients dans cette cour où l’on pouvait accéder à toute heure, la porte n’étant jamais fermée. La « passe » était rapidement expédiée et Annie attendait l’amateur suivant comme l’araignée attend sa proie au milieu de sa toile.

À l’autopsie. L’étonnement du médecin légiste redoubla.

Jack avait pris le temps de pratiquer d’habiles incisions dans la région abdominale d’Annie; il lui avait extrait un rein et les deux ovaires.

Aucun doute, ces mutilations avaient été opérées à l’aide d’un instrument tel qu’en emploient les chirurgiens.

Mais comment l’assassin avait-il pu si aisément s’échapper? La police en conclut qu’il connaissait tous les coins et recoins du sinistre quartier et qu’il s’y dirigeait sans hésitation dans les détours les moins fréquentés.

Le médecin légiste déclara que lui-même n’aurait pu faire en si peu de temps une opération qui, exécutée avec minutie, en prendrait quatre fois plus.

Le lendemain, il y eut dans les colonnes du « Times » un article retentissant sur les meurtres de prostituées, assorti de commentaires désobligeants pour la police, et d’appels à un sursaut de moralité.

Combien y avait-il de prostituées à Londres à cette époque? 80.000 prétendait un évêque, champion du moralisme. 8.000 répliquait la police.

Quoi qu’il en soit, ces dames continuèrent leur trafic en dépit de la menace qui pendait au-dessus de leurs têtes.

Et le meurtre suivant ne tarda pas à être commis.

Le 30 septembre, l’éventreur tua deux fois en moins d’une heure, à des emplacements distants d’un quart d’heure de marche rapide.

Le premier de ces crimes avait eu lieu encore une fois dans une cour malfamée et étroite, entourée de hauts murs. Tout à côté se trouvait le « club éducatif des ouvriers internationaux », lieu fréquenté par un grand nombre de Slaves.

Le gardien de la cour rentrait de son travail vers une heure du matin dans sa carriole. À son vif étonnement, le cheval refusa de passer le portail.

L’homme mit pied à terre et examina le sol. Il découvrit un cadavre accoté au mur et se hâta d’aller prévenir la police.

Il s’agissait d’une femme de taille assez élevée et maigre. Elle avait eu la gorge tranchée.

Les agents firent une descente au club voisin où ils apprirent que l’un des ouvriers, rentrée à minuit quarante, n’avait rien vu de suspect.

Les gens du quartier reconnurent dans la victime une prostituée que l’on désignait sous le sobriquet de « la longue Liz ». La malheureuse avait bien du mal à vivre, car sa beauté plus que fanée n’attirait que de rares clients.

Le second crime de ce matin-là s’était produit dans un passage menant à Mitre Square.

La victime était une certaine Catherine Eddowes. Jack avait sabré son visage jusqu’à le rendre méconnaissable et il l’avait éventrée, extrayant tous les organes internes, le foie, les reins, la rate, etc.

En outre, il avait disposé les intestins en cercle tout autour de sa victime.

Spectacle horrible, écoeurant, vraie boucherie!

L’assassin s’était lavé les mains à un lavabo public et il s’était essuyé avec un morceau de la robe de la morte.

Puis un indice intéressant, il avait inscrit à la craie sur un mur: « Les juifs ne sont pas accusés pour rien ».

Jack cherchait-il à faire peser les soupçons sur l’un des émigrés qui vivotaient dans ce triste quartier? Était-il antisémite ?

Nul ne le sut jamais.

Pendant les deux mois qui suivirent, aucun meurtre ne survint. Profitant de ce répit, la police enquêtait dans le milieu des émigrés et particulièrement parmi les Russes et les Polonais. L’un d’eux n’avait-il pas, avant de fuir les pogroms, commencé des études médicales et appris à manier le scalpel?

Malgré la pression populaire et celle des journaux, on ne trouva aucun coupable.

Puis, tout à coup, l’on apprit l’assassinat de la plus belle prostituée de Whitechapel: Mary Kelly, 25 ans, d’origine irlandaise.

Malgré sa vie de débauche, Mary avait conservé un visage de madone et des yeux d’ange.

Veuve très jeune et sans ressource, elle avait résolu de vivre de ses charmes, qui étaient grands, et avait été amenée à Paris par un riche industriel de Cardiff. À son retour à Londres, elle avait eu une liaison, mais il était impossible d’expliquer pourquoi elle avait descendu si rapidement les échelons de la galanterie. C’était l’alcool, probablement, qui l’avait finalement conduite à Whitechapel où elle se donnait à un tarif inférieur à ses mérites physiques.

La nuit du crime, un admirateur de la jeune femme l’avait rencontrée au bras d’un homme bien habillé. Un peu jaloux, il fila le couple jusqu’au moment où l’homme s’aperçut de la filature. Cependant, il eut le temps de voir les deux personnages s’engouffrer dans le passage qui donnait sur le logement de Mary.

Le lendemain, vers 10 heures, un employé du propriétaire vint frapper à la porte de la jeune femme pour toucher le loyer.

N’obtenant pas de réponse, il jeta un coup d’oeil à travers un carreau et poussa un cri d’effroi. Il se mit à courir en hurlant; « Jack l’Éventreur! Appelez la police! »

L’inspecteur qui pénétra le premier dans le logement recula d’horreur. Mary, baignant dans son sang, avait eu la gorge tranchée, le nez coupé, les oreilles arrachées; son torse était ouvert de l’estomac au bas-ventre. Sur une table s?e trouvaient ses seins soigneusement découpés et détachés du corps, ainsi que le coeur, le foie et les reins.

Les intestins étaient accrochés le long du mur à des clous et disposés comme une guirlande. Dans l’âtre on découvrit des lambeaux d’étoffe brûlés.

Comment Jack avait-il pu quitter le logement et s’en aller sans se faire remarquer ?

Le plus habilement du monde: en endossant la robe de la victime après avoir brûlé ses propres habits. Une voisine confirma le fait en déclarant avoir aperçu, en effet, une dame qui passait vers sept heures du matin.

Ce dernier crime de l’éventreur.

La police répandit le bruit qu’il s’était suicidé en se jetant dans le Tamise, mais cette explication ne résout pas l’énigme.

Source: Diable, démons et Vampires. Édition: Poche Sélect. 1977

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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