Au moyen âge, on brûla beaucoup sous l’accusation de lycanthropie. On reconnaissait les loups-garous à leur peau qui n’est qu’une peau de loup retournée, avec les poils en dedans.
En Bretagne, on montre encore dans le village Saint-Tréphime, voisin de Saint-Nicolas-du-Pélem, une poutre provenant de l’abbaye de Bon-repos, en Cornouaille, qui porte une curieuse inscription à laquelle on attribue la vertu d’éloigner les loups-garous.
Les sorcières avaient souvent la faculté de prendre la forme d’un loup ou d’une louve et, dans cet état, elles égorgeaient des victimes et léchaient leur sang.
Mais s’il arrivait qu’elles fussent blessées par celui quelles voulaient saigner, ou par un chasseur, leurs blessures subsistaient lorsqu’elles reprenaient forme humaine.
Les tribunaux de l’époque jugèrent notamment le cas d’un comte à qui le garde rapporta avoir été attaqué par un loup dont il avait coupé la patte en se défendant. La patte avait disparu de la gibecière du garde d’une façon si étrange que le comte, soupçonnant déjà sa femme pour d’autres motifs, l’avait appelée aussitôt. Or, elle portait le bras en écharpe et avait la main coupée.
Dénoncée aussitôt par son époux, elle fut brûlée vive.
Le célèbre juge Boguet, de Saint-Claude, relate que Pernette Gandillon, changée en louve, courait à quatre pattes la nuit dans la campagne et qu’elle tua d’un coup de dent une petite fille sur laquelle elle s’était jetée.
La soeur et les deux frères de Pernette étaient également des loups-garous. Divers forfaits leur furent imputés et ils périrent tous sur le bûcher.
Thiévenne Paget, Antoinette Tornier, Claude Guillaume s’accusèrent quelque temps après de lycanthropie et d’avoir dévoré les enfants qu’elles avaient préalablement fait mourir.
Leurs meurtres furent, dit-on, vérifiés, car elles avaient les noms de leurs victimes.
Elles furent livrées aux flammes, ainsi que Claude Gaillard qui avait assailli une jeune fille du nom de Jeanne Périn.
Le procès de lycanthropie fait à Garnier, dit l’Ermite, condamné au feu par la Cour souveraine du parlement de Dôle, semble prouver que cet homme avait étranglé plusieurs enfants et qu’il
s’était repu de leur chair.
Après avoir avoué, il fut brûlé vif et, par arrêt dudit parlement, il fut permis aux paysans des environs de faire la chasse aux loups-garous.
Quantité de faits analogues se présentèrent vers la même époque. Des sorciers, sous forme de loup,furent blessés ou mutilés. Arrêtés, ils avouaient, étaient condamnés et brûlés.
Le juge de Lancre en signale, cependant, un qui fut condamné en 1610, mais échappa au bûcher. Il alla le visiter dans sa prison: c’était un garçon d’une vingtaine d’années, maigre, aux yeux hagards, aux dents fortes et larges, aux ongles aigus et entièrement noirs. Il marchait à quatre pattes, sautait les fossés si légèrement que seul un lévrier aurait pu en faire autant. Il avait un regard faux, mais perçant.
Il avoua à son visiteur qu’il préférait comme plus délicate la chair tendre des petites filles à celle des petits garçons.
Les histoires de ce genre se multipliaient. En Lorraine, dans le Jura, des femmes se changeaient en louves et attaquaient les passants. D’autres aboyaient comme des chiens.
Une nuit, un fermier entend ses chiens gronder. Il sort et aperçoit parmi eux un lévrier blanc et noir qui les mord les uns après les autres. Il le tue d’un coup de fusil; mais au matin, ce n’est le cadavre d’un chien qu’il trouve, c’est celui d’une femme magnifiquement vêtue.
Il est épouvanté, quand survient un gentilhomme que suit un petit chien.
– Ah! vous avez tué ma femme! s’écrie le noble qui, sans ajouter un mot, s’éloigne suivi du petit chien en larmes… l’enfant de la sorcière, bien sûr, métamorphosé comme elle.
Source: Diable, démons et Vampires. Édition: Poche Sélect. 1977