Selon une équipe de chercheurs, les statues auraient tout simplement «marché» jusqu’à leurs emplacements actuels… mais convaincre la communauté scientifique ne sera pas chose simple.
Dans une entrevue accordée à LiveScience, l’anthropologue Carl Lipo, de l’Université de Californie, affirme qu’un groupe d’insulaires obsédé par la construction des Moaï – ces mystérieuses statues taillées dans le roc – a carrément détruit l’environnement de l’île.
Les insulaires auraient ainsi abattu une importante partie de la forêt afin d’utiliser les troncs d’arbres pour transporter les statues des carrières jusqu’au bord de la mer. La soudaine déforestation aurait eu un tel impact environnemental qu’elle aurait entraîné le déclin de cette société insulaire.
L’histoire orale locale raconte toutefois que ce sont des pouvoirs divins qui ont permis aux statues de marcher d’elles-mêmes, ce que l’équipe de Lipo croit volontiers – si on remplace les forces divines par des cordes et un effort très humain. Selon les chercheurs, des preuves physiques de ce constat existent sur l’île.
Rouler les statues sur des billots requiert un grand nombre de participants, et les fouilles archéologiques tendent à démontrer que la population locale n’était pas très imposante. De plus, le type d’arbres spongieux qu’on y trouve ne serait pas assez fort pour soutenir un tel poids sans carrément s’écraser. Selon Lipo, comme les statues étaient sculptées debout avec une base à plat, il serait plus censé de les déplacer comme tel sans avoir à les relever une fois arrivées à destination. D’où la théorie de les promener tout simplement… ce que l’équipe de chercheur a tenté et filmé:
«Au départ on n’imagine pas cela possible, puis tout à coup c’est comme une danse sur la route», indique-t-il. Une méthode efficace qui ne nécessite pas un grand nombre de participants et seulement quelques cordes. Dans l’extrait vidéo, la statue parcoure 100 mètres en une quarantaine de minutes. Il faudrait donc environ deux semaines pour parcourir la distance entre la carrière et la destination.
Il faudra toutefois travailler un peu plus fort pour convaincre le reste de la communauté scientifique. Les chercheurs du Easter Island Statue Project ont démontré en 1998 que la méthode présumée employant des troncs d’arbres se voulait très réaliste, considérant les routes de pierres irrégulières couvrant l’île.
Selon Jo Anne Van Tilburg, archéologue américaine responsable du Easter Island Statue Project, pour que la théorie des statues marchantes soit valide, il faudrait que leur base soit plus large que leurs épaules, ce qui n’est pas toujours le cas. «Je ne crois pas qu’il soit nécessaire d’inventer une méthode de transport peu commode», ajoute-t-elle.
Toutefois, la vidéo prouve bien que c’est possible. Voilà qui ajoute une théorie supplémentaire à la mystérieuse histoire des plus célèbres statues de la planète qui – pour l’instant – gardent toujours pour elles une partie de leur secret.