La « Pompéi britannique » sort de la glaise

La « Pompéi britannique » sort de la glaise

En date du 14 janvier 2016.

Whittlesey, Angleterre.

Le site Internet de la BBC a déjà surnommé, sans doute avec exagération, ce site archéologique comme « la Pompéi britannique ». Cette emphase traduit assez bien l’enthousiasme des chercheurs qui, depuis septembre 2015, travaillent sur la fouille de Must Farm, non loin de Whittlesey, dans l’est de l’Angleterre.

Ainsi que le résume David Gibson (Cambridge Archaeological Unit), qui est responsable de ce « chantier », « il s’agit simplement de la construction en bois de l’Age du bronze la plus complète qu’on ait jamais découverte dans ce pays. » Pour Duncan Wilson, qui dirige Historic England, sorte de commission des monuments historiques version anglaise, laquelle co-finance les fouilles de Must Farm, « le site est d’une importance internationale et sa mise au jour va réellement transformer notre compréhension de cette période ».

Le rapprochement avec Pompéi est dû à l’excellent état de conservation de ce site datant de près de trois millénaires, ce qui correspond à la fin de l’Age du Bronze dans cette région du monde. Si l’endroit s’est transformé en « une extraordinaire capsule temporelle », pour reprendre l’expression de Duncan Wilson, c’est dû à un concours de circonstances lui aussi extraordinaire. Remontons trente siècles en arrière. A l’époque coule ici une rivière – qui a changé de cours depuis – large d’une cinquantaine de mètres. C’est au milieu de cette rivière que s’est installée une communauté humaine, en construisant une plateforme sur pilotis, sur laquelle s’élevaient quelques maisons. Comme à Pompéi mais dans des proportions nettement moindres, une catastrophe va détruire ce site tout en contribuant à le préserver pour les générations futures : la plateforme prend feu, ce qui précipite les maisons dans la rivière. Leurs décombres coulent au fond du cours d’eau où ils sont rapidement ensevelis sous de la vase, ce qui va les protéger du pourrissement.

Au fil du temps, une très épaisse couche de sédiments recouvre le lieu au point que, de l’extérieur, rien ne laisse soupçonner ce qui se trouve caché dessous. Il faut attendre la fin du XXe siècle pour que le passé remonte à la surface : une carrière toute proche exploite l’argile locale pour fabriquer des briques et dégage une partie des sédiments. Apparaissent alors des morceaux de bois. Des sondages permettent, au cours des années suivantes, de comprendre que Must Farm constitue un site archéologique de première importance. Quelques années supplémentaires passent le temps de trouver un financement pour les fouilles qui ont commencé en septembre pour huit mois.

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La première maison vient de sortir de la glaise. D’ordinaire, les habitations de l’Age du bronze sont des habitations « fantômes », en ce sens que l’on ne retrouve généralement pas de bois mais que des trous laissés dans le sol par les pieux… Ici, grâce à la vase, le bois a été conservé et les pieux sont toujours dans leurs trous ! C’est à une plongée dans le quotidien d’un monde disparu que nous invite le site de Must Farm. On devine la structure circulaire de la maison, on découvre de longues pirogues, des pièges à poissons en bois, des textiles tissés, des éléments de vaisselle, des outils en bronze mais aussi des armes. En même temps que les objets sortent de terre émergent de nombreuses questions. Qui était cette communauté qui semble opulente, bien équipée et bien nourrie (d’après les restes animaux trouvés sur place) ? Tire-t-elle une partie de sa richesse du contrôle du passage de la rivière ? Quelles étaient ses liens avec le reste de l’Europe, auquel certains objets semblent l’associer ? L’analyse du site répondra sans doute en partie à ces interrogations mais elle prendra des années étant donné la quantité impressionnante d’objets découverts. En attendant, je vous invite, grâce aux photos ci-dessous, à visiter cette capsule temporelle, à plonger dans le quotidien d’un village il y a trois mille ans…

Sources: Wikistrike, PDS.

En savoir plus sur Vincent Deroy

Depuis août 2012, je fouille sur le web à la recherche des cas paranormaux les plus étranges pour le site www.paranormalqc.com dont je suis le Rédacteur en chef. Handicapé de naissance, j'ai aussi été secrétaire-trésorier du musée de mon village pendant 6 ans et demi.

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