En date du 12 décembre 2014.
Nazca, Pérou.
La dernière action de Greenpeace au Pérou a suscité la polémique, une semaine seulement après que l’organisation écologiste ait projeté un message depuis le site archéologique du Machu Picchu, les activistes ont souhaité attirer l’attention depuis les lignes de Nazca où ils ont déposé des banderoles au niveau du célèbre hiéroglyphe représentant un colibri. Le ministère de la Culture du Pérou a dénoncé cette action en affirmant que les militants ont pénétré de façon « illégale et préméditée, et sans la moindre autorisation » dans cette zone intangible inscrite au patrimoine culturel de l’humanité de l’UNESCO. C’est lundi, dans la région d’Ica, que des activistes de Greenpeace ont décidé de frapper les esprits, en marge du sommet sur le changement climatique COP20, qui se déroule dans la capitale du Pérou, Lima.
Les membres de Greenpeace ont déposé des lettres de couleur jaune afin d’inscrire le message suivant « Time for change: The future is renewable » (« C’est le temps de changer! L’avenir est renouvelable »), un court texte qui pouvait être lu seulement depuis le ciel comme les célèbres dessins de Nazca.
« Cette zone, déclarée patrimoine culturel de l’humanité, est un endroit où il est strictement interdit d’intervenir en raison de la fragilité qui entoure les figures », ont déclaré les autorités.Il faut savoir que les visites sur le site sont strictement encadrées, les chefs d’État comme les ministres doivent obtenir une autorisation spéciale pour fouler les sols fragiles de cette zone qui suscite autant la curiosité que la fascination depuis près de 1500 ans.
Il y a quelques jours c’est au Machu Picchu (30 novembre), célèbre cité inca, que sept membres de Greenpeace ont projeté le message « sauvons le climat, le soleil est la réponse » en anglais, en espagnol, en portugais, en allemand, en français et en hindi, une projection réalisée depuis le Temple du soleil vers la montagne voisine de Huayna Picchu.
Mauro Fernández, représentant de Greenpeace pour la zone andine, a justifié l’intervention au Machu Picchu par « l’opportunité historique » que cela représente, l’objectif étant que les leaders politiques conviés à participer au sommet climatique de Lima puissent être interpellés sur les dangers toujours plus grands du changement climatique. C’est pourquoi le site archéologique du Machu Picchu a été choisi, lieu sacré de la civilisation précolombienne inca où se réunissaient les adorateurs du soleil, Greenpeace signale que l’énergie renouvelable peut-être la solution : « Si les pays privilégient l’énergie du vent et de l’énergie solaire nous pourrions éviter les pires impacts du changement climatique, comme les inondations, la fonte des glaciers ou encore l’augmentation du niveau de la mer. Il n’y a plus d’excuses, les leaders politiques doivent agir ».
Mais face au tollé provoqué par la présence des militants de Greenpeace à Nazca, le responsable de l’organisation a tenu à présenter ses excuses hier mercredi : « Greenpeace s’excuse pleinement auprès du peuple péruvien pour l’offense causée… Nous regrettons profondément », tel est le communiqué diffusé par le propre directeur exécutif international, Kumi Naidoo, qui voyagera cette semaine à Lima pour s’excuser personnellement devant les autorités péruviennes.
Ce n’est pas la première fois que l’organisation environnementaliste se mobilise sur les terres péruviennes, le 15 mai 2008, le Machu Picchu avait déjà été au coeur de protestations à l’occasion de l’organisation à Lima du sommet ALC-UE. Cette fois, des activistes d’origine chilienne, argentine, colombienne, australienne ou encore allemande avaient déployé des banderoles jaunes sur lesquelles on pouvait lire en anglais « danger : biocombustible. Sauvons les forêts pour sauver le climat ».
Toutefois, les autorités péruviennes ne se montrent guère réceptives au mea culpa de Greenpeace et le vice-ministre de la Culture, Luis Jaime Castillo, a rétorqué « Nous n’acceptons pas les excuses. Ils ne reconnaissent pas leur action néfaste ».
L’archéologue Pedro Pablo Alayza a affirmé à l’agence d’AFP que « que les dommages occasionnés par Greenpeace sont visibles avec les photos aériennes prises après le retrait des inscriptions déposées dans le désert », et les experts regrettent qu’ils n’aient pas porté des protections sur leurs chaussures comme l’exigent les règles de sécurité.
Mardi, le gouvernement péruvien a évoqué « un attentat contre le Patrimoine culturel de tous les Péruviens et de toute l’humanité », puisque le site de Nazca est inscrit depuis 1994 sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO.
L’héritage des lignes de Nazca a été mentionné lors de l’ouverture de la COP20, lorsque Christiana Figueres, secrétaire exécutive rattachée à l’évolution du climat des Nations Unies, a exhorté les délégués à adopter des « lignes d’action sur le climat aussi indélébiles que les lignes de Nazca ».
Localisés dans la plaine côtière aride du Pérou à quelque 400 km au sud de Lima, les géoglyphes de Nazca et de Pampas de Jumana s’étendent sur environ 450 km² . Ces lignes, tracées dans le sol entre 500 av. J.-C. et 500 apr. J.-C., soulèvent une des grandes énigmes de l’archéologie en raison de leur nombre, de leur nature, de leur taille et de leur continuité. Certains de ces géoglyphes représentent des créatures vivantes, d’autres des végétaux stylisés ou des créatures fantastiques, d’autres encore des figures géométriques de plusieurs kilomètres de long. Les experts estiment qu’elles étaient liées à une fonction rituelle alors que ces cultures vouaient un intérêt particulier à l’astronomie.
Sources: Wikistrike, actulatino.com.
httpvh://www.youtube.com/watch?v=YRAv-DmwL7M