En date du 18 mai 2016.
Rome, Italie.
C’est un remake d’une des scènes de Roma de Fellini. Dans le film, des ouvriers perçant une ligne du métro découvraient des fresques antiques qui disparaissaient sous leurs yeux. Ceux qui travaillent à la construction de la station Amba Aradam de la ligne C ont fait émerger du passé et de 9 mètres de profondeur les vestiges d’une caserne datant du IIème siècle après Jésus-Christ. Elle accueillait la cavalerie de l’empereur Hadrien. Le chantier du métro s’est transformé en un chantier de fouilles archéologiques d’une superficie de plus de 1.750 mètres carrés, composés de 39 pièces décorées de fresques et de mosaïques autour d’un couloir de 100 mètres de long. Une caserne abandonnée au IIIème siècle au moment de la construction du mur d’Aurélien, l’enceinte fortifiée protégeant la Rome Antique.
« C’est une découverte exceptionnelle et inattendue », se réjouit Rosella Rea, la conservatrice du Colisée. Elle a été effectuée entre novembre et décembre dernier mais son ampleur n’a été connue que récemment et elle vient tout juste d’être dévoilée au public. Le surintendant des Biens culturels de Rome, Francesco Prosperetti, souhaite maintenant que l’espace archéologique soit intégré à la future station de métro pour en faire profiter les voyageurs. « La découverte ne constitue pas une limitation ou un accident, mais une occasion de construire le plus beau métro du monde », répond-il à ceux qui s’inquiètent de nouveaux retards et de nouveaux coûts pour un projet qui n’en manquent déjà pas. Car le futur « plus beau métro du monde » a déjà décroché le titre d’un des chantiers de travaux publics italien le plus long et onéreux depuis l’après-guerre.
Si l’idée d’une troisième ligne est lancée au début des années 1990, les travaux pour la construction de 30 stations ne commencent qu’en 2006 avec un budget de 3 milliards d’euros. 10 ans plus tard, moins de la moitié du tracé est achevée, les dépenses ont augmenté de 23%, portant le budget à près de 4 milliards d’euros et les retards s’accumulent pour une ouverture prévue, si tout va bien, en 2022. Car les accidents de parcours ont déjà été nombreux à commencer par sa définition même qui a changé 45 fois. « Donnez un coup de pioche n’importe où et vous trouverez une amphore » est une phrase couramment prononcée par les Romains mais peu comprises par les ingénieurs du chantier, qui se sont obstinés à oeuvrer en plein centre ville. Les découvertes archéologiques, les sondages approximatifs du terrain, quelques scandales de corruption et les conflits juridiques entre les entrepreneurs et les autorités expliquent que les Romains s’attendent maintenant à une inauguration…aux calendes grecques.
Sources: Wikistrike, lesechos.fr.