Considérés comme la plus importante des découvertes archéologiques de l’histoire, les manuscrits de la mer Morte n’ont pas encore livré tous leurs secrets. L’un des derniers rouleaux vient d’être reconstitué.
Ils ont été découverts entre 1947 et 1956, dans onze grottes, à Qumrân au-dessus de la mer Morte. Parchemins, manuscrits et papyrus, avaient été rédigés en hébreu, en grec et en araméen, entre le IIIe siècle avant J.-C. et le Ier après J.-C. Deux chercheurs du département d’études bibliques de l’université de Haïfa ont réussi à reconstituer et déchiffrer l’un des deux derniers manuscrits qui restent à décoder.
Il restait 60 fragments minuscules avec des inscriptions en hébreu à déchiffrer. Les archéologues pensaient qu’ils provenaient de parchemins différents. Mais les deux chercheurs de l’université d’Haïfa, Eshbal Ratson et Jonathan Ben-Dov, ont réussi à les réunir. « Ils ont tout assemblé et sont arrivés à la conclusion qu’il s’agissait du même rouleau », explique un porte-parole de l’université. Ils les examinaient depuis un an.
D’après les résultats qu’ils ont publiés, le texte contient des références au calendrier de 364 jours utilisé par la communauté religieuse des Esséniens qui vivaient dans le désert de Judée, à qui sont attribués les différents manuscrits. Que nous disent-ils d’ailleurs ces vieux parchemins ?
Le plus vieux des Anciens testaments connus
On doit la découverte des premiers manuscrits à un jeune bédouin, qui, à la recherche d’une de ses chèvres, tombe dans une grotte dans les falaises calcaires de Wadi Qumrân, en 1947. Au total, 275 cavités ont été fouillées à Qumrân pendant neuf ans, mais seulement onze contenaient des manuscrits. D’autres grottes contenaient des objets et des vêtements. Comme les écrits, ils avaient été cachés au cours du Ier siècle de notre ère, lorsque les armées romaines de l’empereur Titus (68) avaient détruit le Temple de Jérusalem et pourchassé les communautés juives, celles-là même qui ont caché leurs documents.
Une partie des rouleaux était conservée dans des jarres de terre cuite, enveloppés dans des tissus et donc en bon état. Les textes étaient écrits sur ces rouleaux de 10 à 20 cm de largeur, en papyrus ou faits de fragments de cuir. Mais certains manuscrits étaient en tout petits fragments, certains de quelques millimètres carrés seulement et ont dû être classés et photographiés avant d’être déchiffrés.
Pendant plus de soixante ans, les manuscrits ont été l’objet de querelles entre scientifiques et experts à propos des différentes interprétations, religieuses ou non, des textes. Les parchemins sont d’une richesse incroyable. Un quart de ces fragments est à l’origine de deux religions révélées : le judaïsme et le christianisme. Aujourd’hui, alors qu’on dispose plus ou moins de l’ensemble de ces 900 rouleaux, on peut les classer en trois grandes catégories.
Il y a d’abord des textes bibliques, notamment tous les livres de l’Ancien Testament, une quarantaine de psautiers (recueil de psaumes) incomplets, des exemplaires de la Torah dont le Deutéronome (livre à caractère juridique). Parmi eux, le plus connu est le grand rouleau du prophète Isaïe : 17 feuillets de cuir cousus dans un ensemble de sept mètres de long, écrits au IIe siècle avant J.-C.
Qui a écrit les textes ?
Les autres grands types d’écrits découverts sur les rives de la mer Morte sont des textes parabibliques, dits apocryphes, explique La Croix, dans un article consacré aux rouleaux. La dernière catégorie de textes regroupe les écrits de la communauté de Qumrân, dits sectaires.
Parmi eux, les Esséniens, considérés par une partie des historiens comme les auteurs des textes. Cette secte juive, parmi laquelle ne vivaient pas de femmes, aurait existé entre 150 av. J.-C. et 68 de notre ère. Une hypothèse confirmée par les dernières découvertes faites à Qumrân et présentées à la fin de l’année 2017 : l’analyse de 33 corps exhumés sur le site archéologique a permis d’établir qu’il s’agit très certainement d’Esséniens et donc potentiellement des auteurs ou du moins gardiens, des textes qui ont le même âge que ces squelettes.
À consulter en ligne
Une partie des manuscrits, dont le rouleau d’Isaïe, est consultable en ligne. Car en 2011, le musée national d’Israël s’est associé à Google pour rendre accessible sur internet ces trésors archéologiques. Jusque-là, le musée conservait précieusement ces parchemins, dans des conditions de lumière, de température et d’humidité spécifiques, semblables à l’environnement des grottes dans lesquelles ils avaient été découverts. Aujourd’hui, n’importe qui peut accéder à une grande partie des textes numérisés, dont certains sont traduits en anglais et en français.
Le nouveau manuscrit reconstitué sera peut-être bientôt en ligne. Les deux chercheurs travaillent désormais à décrypter le dernier des parchemins.
Sources: Wikistrike, lesavoirperdudesanciens.com, 25 janvier 2018