Une étude révèle qu’il pourrait y avoir entre 2 et 200 milliards d’exolunes errantes dans la galaxie, victimes de l’attraction gravitationnelle de planètes gazeuses géantes. Privées de leur étoile, certaines pourraient même encore être habitables.
Lorsque nous pensons à des exoplanètes potentiellement habitables, une image claire vient à l’esprit : une planète rocheuse orbitant autour d’une étoile à une distance lui permettant de maintenir de l’eau liquide à la surface. En d’autres termes, un monde qui ressemble beaucoup au nôtre. Cependant, des recherches récentes suggèrent que des lunes éjectées de leur système, loin de toute étoile, pourraient également remplir les conditions nécessaires au développement de la vie.
Il pourrait en effet y avoir dans l’Univers des milliards d’anciennes lunes qui faisaient autrefois partie de systèmes planétaires, mais qui aujourd’hui errent seules et estropiées, victimes de l’attraction gravitationnelle de planètes massives – environ 5 fois plus que la Terre – en orbite autour de leur étoile. De nombreuses exoplanètes géantes présentent en effet de violentes instabilités gravitationnelles. Ces planètes, dans un premier temps formées sur des orbites quasi circulaires, accumulent en effet de petites perturbations gravitationnelles qui vont au final venir perturber les orbites. Certaines géantes se rapprochent alors les unes de autres, et l’une d’elles se retrouvent parfois éjectée du système planétaire.
Un groupe de chercheurs dirigé par Yu-Cian Hong de l’Université Cornell de New York et Sean Raymond du Centre national français de recherche scientifique à Paris, s’est récemment appuyé sur des simulations pour tester la relation entre des planètes nouvellement formées et leurs lunes. Il s’est avéré que le chaos étant, les ex-lunes sont la plupart du temps éjectées de leur système tandis que les planètes ne sont qu’aux premiers stades de leur formation. Plus précisément, les chercheurs ont découvert que dans des environnements chaotiques, 80 à 90 % des lunes primordiales sont généralement projetées dans l’espace interstellaire. Pour chaque étoile de la Voie lactée, il pourrait y avoir entre 1 et 100 de ces lunes « vagabondes ». Considérant le nombre d’étoiles présentes dans la Galaxie, environ 200 milliards, cela fait donc un nombre d’exolunes vagabondes compris entre 2 et 200 milliards.
Les chercheurs notent par ailleurs que les lunes les plus proches de leurs planètes peuvent, une fois éjectées, se maintenir près de ces dernières. Nous savons déjà que les planètes errantes pourraient potentiellement soutenir la vie par une activité volcanique. Ces travaux suggèrent que le fait d’avoir une lune en orbite serrée peut également aider. Lunes et planètes peuvent en effet se rapprocher suffisamment pour devenir non seulement plus stables, mais aussi pour augmenter le réchauffement par la gravité. Ce « chauffage » peut ainsi rendre les lunes errantes étonnamment habitables, même si elles ne sont pas en orbite autour d’une étoile.
Bien qu’il nous soit probablement impossible – pour l’instant – de les détecter, il semblerait que des milliards de mondes inexplorés pourraient potentiellement soutenir la vie.
Sources: Le nouvel ordre mondial, futurism.com, 31 décembre 2017