Les habitants des côtes du golfe de Carpentarie, au nord-est de l’Australie, ont conscience d’avoir les plus belles aurores de toute la Terre. Lorsque l’aube point à la fin d’une chaude nuit tropicale, un ruban lumineux ondulant traverse le ciel sans nuage, tel un roulis géant de vagues marines : c’est la gloire du matin.
Ces longs nuages horizontaux passent généralement en septembre, octobre et novembre, le printemps dans l’hémisphère Sud. ils se forment au-dessus de la péninsule du cap York et traversent le golfe en direction du sud-ouest. Ils s’accompagnent souvent de bourrasques, rarement de pluie.
Vue du sol, la gloire a une douce forme d’arc. Son épaisseur n’est que de 90 à 180 m, mais elle peut s’étendre d’un horizon à l’autre. Le pilote d’un petit avion a un jour longé ce ruban pendant plus de 120 km, sans en rencontrer la fin.
Il existe aussi des gloires doubles. Il est même arrivé que sept d’entre elles se soient succédé en une heure. Une fine brume accompagne parfois ces vagues multiples.
Malgré leurs recherches assidues, les météorologistes connaissent encore mal l’origine de ces nuages uniques. Ils pensent cependant qu’elle doit se trouver dans les heurts entre les courants atmosphériques qui survolent Ia péninsule d’York. De fortes brises marines, nées sur la côte Sud, pénètrent souvent dans I’intérieur des terres. Elles rencontrent des brises plus faibles, soufflant depuis l’ouest. Et la nuit, des courants d’air froid se forment dans les montagnes. La réunion de ces trois masses d’air crée des turbulences qui provoquent un puissant flux aérien vers l’ouest. Il aspire avec lui l’humidité, et les longs nuages apparaissent.
La région du cap York est extrêmement isolée, très densément couverte d’une forêt d’eucalyptus, et pénétrée par une seule mauvaise route. Il est donc probable que le mystère planera encore longtemps sur les gloires du matin.
Source: Faits étranges et récits extraordinaires aux Éditions: Sélection du Reader’s Digest, 1989.