NDLR: Cet article date des années 80, mais il est tout de même fort intéressant malgré tout.
La population mondiale s’élève aujourd’hui à plus de cinq milliards d’hommes. En l’an 2010, ce chiffre aura peut-être doublé. Le problème crucial sera alors la sécheresse. La Terre a pourtant globalement assez d’eau pour tous ses habitants : mais en fait, celle-ci est très mal repartie.
Les pays qui connaissent les pires difficultés sont ceux d’Afrique et du Moyen-Orient. Les précipitations y sont faibles et irrégulières. Actuellement, l’Egypte et Israël, très touchés, cherchent à savoir si le dernier âge glaciaire pourrait leur fournir l’eau dont ils ont désespérément besoin ; une eau indispensable pour irriguer les terres arides et pour compléter les besoins de leurs habitants.
De l’eau sous la terre
Enfoui profondément sous le désert du Néguev et la péninsule du Sinai, partagé entre l’Egypte et Israel, s’étend un vaste « aquifère », couche de roches poreuses qui contient-de l’eau. On estime qu’elle en renferme environ 340 milliards de m3, dont environ un tiers repose sous les sables du Nésuev, en territoire israélien.
Un synclinal présente des conditions idéales pour un aquifère. Dans cette cuvette creusée dans la croûte terrestre, la roche poreuse est prise en sandwich entre deux couches rocheuses plus ou moins imperméables. L’eau emprisonnée se trouve sous forte pression. Si la strate supérieure se perce, par un phénomène naturel ou une intervention humaine. l’eau jaillit en surface.
L’aquifère du Sinaï est connu depuis les temps anciens, et son eau alimente des sources et des lacs toute l’année. Les sources du désert, qui dépendent pour leur part des 5 à 10 cm de pluie annuels, demeurent saisonnières. Le livre de L’Exode, dans la Bible, rappelle comment les juifs conduits pa Moise atteignirent le désert du Sinaï. L’eau qu’ils y trouvèrent était trop amère pour qu’ils puissent la boire, et ils appelèrent cet endroit Marah, « amère ». Cette source porte aujourd’hui le nom de Ayun Musa, et ses eaux sont très chargées en carbonates et en sulfates, qui leur donnent ce goût désagréable.
L’âge de l’eau
La méthode du carbone 14 a permis de dater l’eau de Avun Musa : environ 30 000 ans, période du dernier âge glaciaire. À cette époque, une énorme calotte de glaces couvre l’Europe du Nord. Tous les nuages venant de l’océan Atlantique sont alors détournés vers le sud. Ainsi, des pluies abondantes tombent sur la péninsule du Sinaï et le Néguev. L’eau s’infiltre dans la roche poreuse et s’accumule l’aquifère. Il en existé également un plus large, sous le Sahara, en Afrique du Nord.
Le désert du Néguev recouvre pratiquement la moitié d’Israël. Mais son sol sec est fertile quand il est irrigué. Les Israéliens en cultivent chaque mètre carré. En une année, ils ont déjà extrait 43 millions de M3 d’eau de l’aquifère, pour. l’irrigation et l’industrie. Ils prévoient d’en récupérer douze fois plus dès le début du XXI siecle.
Pourtant, même si les réserves de la région Sinaï-Néguev sont immenses, l’eau, comme le charbon et le pétrole, est une ressource épuisable. Dans l’avenir, son utilisation devra être considérablement planifiée.
Source: Faits étranges et récits extraordinaires aux Éditions: Sélection du Reader’s Digest, 1989.