En date du 1er mars 2015.
Pérou.
Une équipe de l’Isem de Montpellier (institut des sciences de l’évolution), épaulée par des scientifiques venus du monde entier, a fait une étonnante découverte. Depuis 2002, ces chercheurs prospectent le nord-est du Pérou à la recherche de fossiles datant d’une dizaine de millions d’années avant notre ère.
Récemment, ils ont découvert un gisement exceptionnel de sept espèces de crocodiles fossilisés. «Seuls les fossiles permettent de mieux connaître les modalités d’émergence de l’écosystème amazonien et d’en caractériser le fonctionnement passé. Et ces fossiles, en particulier de vertébrés, sont bien rares ! Autant dire que dans de telles conditions de terrain, exécrables, découvrir un tel gisement est un véritable tour de force» explique Pierre-Olivier Antoine, professeur de paléontologie à l’Université de Montpellier.
Un crocodile mangeur de coquillages
La découverte a permis d’identifier une espèce disparue: un crocodile avec une gueule «en forme de bec de canard», avec des dents «globuleuses». Ce résident de la forêt amazonienne, ancêtre des caïmans, se nourrissait de bulots, moules et palourdes. Il grattait le fond boueux des points d’eau avec sa gueule ouverte pour y croquer ses coquillages favoris… Un régime alimentaire qui tranche avec celui de nos crocodiles modernes, résolument carnivores.
«Quand on a analysé son crâne et ses mâchoires et déduit qu’il croquait des coquillages en s’aidant de la tête comme les ornithorynques, on a tout de suite réalisé qu’il s’agissait d’un animal exceptionnel», note Rodolfo Salas-Gismondi, doctorant à Montpellier et directeur de la paléonthologie au Museum d’histoire naturelle de Lima.