Avertissement: Le texte qui suit est à titre informatif et pour le divertissement. Il ne reflète en rien l’opinion de la Rédaction.
Le Grand Sabbat réunit trimestriellement tous les sorciers et sorcières d’une région.
Le Petit Sabbat comporte mensuellement les initiés d’un canton ou d’une petite ville.
Il a lieu dans une solitude: forêt, marais, bord d’étang, carrefour, ruines, catacombes, cime, etc.
Il est dit qu’autrefois les participants arrivaient à califourchon sur des balais. C’est une légende qui symbolise la manière très secrète avec laquelle on se rendait à ces réunions.
Il fallait y mettre d’autant plus de prudence qu’à cette époque les assistants du Sabbat, s’ils étaient pris, étaient destinés au bûcher.
Lorsque l’assemblée était au complet, le Diable apparaissait. Il prenait souvent l’apparence d’un bouc se tenant sur deux pattes.
On amenait devant le Très-Bas les nouvelles recrues: ceux-ci devaient se prosterner, abjurer la foi catholique (Jésus-Christ et la Vierge Marie), se livrer corps et âme à Satan, ainsi qu’à ses deux séides, Astaroth et Belzébuth, puis prêter serment de fidélité.
Ceci fait, le Maître des Enfers marquait les nouveaux disciples du stigma diabolique, un signe indélébile sur l’épaule gauche.
Après quoi, tous se mettaient nus pour rendre hommage à Lucifer ou à son représentant.
Il se retournait et chacun venait, à la queue leu leu lui baiser l’anus.
Cependant, on préparait des breuvages, des poudres, des onguents magiques, dans des marmites contenant des crapauds, des reptiles, de la fiente de hibou, du sang de nouveau-né, des entrailles de suppliciés, etc.
On prononçait des conjurations et l’on procédait à des maléfices.
Puis les ébats commençaient. Des scènes d’un érotisme échevelé se déroulaient, des danses lubriques, des rondes, des orgies, des accouplements contre nature, dans une sorte d’exaltation générale.
Seule la fatigue finissait par désenlacer les étreintes et tous s’assoupissaient jusqu’à ce que, la vigueur revenant au son d’une musique infernale, commence la fameuse Ronde du Sabbat, qui s’achevait au chant des coqs par la dispersion générale.
De nos jours, si le Sabbat a quelque peu varié dans son rituel, le fond est demeuré pareil à lui-même.
Nous avons le récit d’un témoin. Celui-ci put assister, dans le pays de Quingey, département de Doubs, à l’une de ces cérémonies étranges et en rédigea un compte-rendu des plus intéressants.
Nous en donnons ci-après un extrait:
« Vers 11 heures du soir, de furieux aboiements se firent entendre derrière la porte de la femme: c’était le message attendu. »
« La maisonnée s’habilla sans tarder et Mme Babin, la tête recouverte d’un long voile blanc m’invita d’un geste de la main à suivre le cortège. Nous partîmes à la queue leu leu, et la marche fut longue dans la nuit sans lune. »
« À un carrefour, un petit groupe se joint à nous dans le plus complet silence. Nous suivîmes alors un sentier caillouteux qui nous fit dévaler une pente très raide. »
« Dans le vallon, je sentis mes pieds s’enfoncer désagréablement dans une terre détrempée. Cinquante mètres plus loin, 1’entrée d’une caverne apparut. Nous y entrâmes. »
« Une torche éclairait les parois et je distinguai enfin les inconnus qui composaient notre réunion. Ils étaient une douzaine, en majorité des femmes, mais aussi deux petites filles
et un jeune garçon. »
« Le fond de la paroi rocheuse formait une sorte de grande niche où mes yeux, peu à peu accoutumés à la lumière, aperçurent une haute forme debout, masquée, la tête ornée d’énormes et majestueuses cornes de buffle. »
« Le dieu cornu! »
« La plus antique des divinités! »
« Je revoyais l’image du petit homme masqué de la grotte des Trois Frères, dans l’Ariège, peinture magique du paléolithique. Je revoyais ces innombrables dieux cornus de Mésopotamie, de Sumérie, de Babylone, d’Égypte, le Minotaure des Crétois, le Grand Dieu Pan des Grecs… »
« Mais ces troublantes réminiscences n’apparaissaient certainement pas dans la conscience de ces adorateurs du diable. Ils savaient simplement que ce n’était pas au principe du mal qu’ils rendaient un culte selon l’accusation portée par les chrétiens, mais au dieu ancestral antérieur à l’évangélisation. »
« À côté de l’étrange personnage masqué, un bouc noir se tenait immobile, nous regardant de ses grands yeux sans expression. »
« Une vieille édentée remit à chacun de nous une chandelle que nous allâmes en procession allumer à la flamme fumeuse de la torche. »
« Venu de je ne sais quelles coulisses, le fils de Mme Babin parut, tenant par les pattes une poule noire entravée. »
« À l’aide d’un bâton pointu, il traça un cercle sur le sol et déposa la volaille au centre. »
« Son bâton lui servit ensuite à marteler une longue stalactite qui pendait au plafond, produisant ainsi une série de sons graves et impressionnants. »
« À ce signal, je vis apparaître Mme Babin, tenant dans ses bras un nouveau-né. La mère de celui-ci la suivait, une fiasque à la main. »
« Les deux femmes s’agenouillèrent de devant le dieu cornu dont les lèvres se mirent à proférer d’un ton nasillard des paroles incompréhensibles. »
« Mme Babin lui présenta l’enfant:
– O Grand Lucifuge Rofocale, dit-elle, je te fais don de cet enfant issu de la lignée de tes adorateurs. Je te le voue et le remets en ton pouvoir afin qu’il te serve fidèlement et garde ton enseignement. Accorde-lui, comme à ses pères, aide, secours et assistance.
– J’accepte, répondit le Démon, et lui assurer protection dans cette vie et dans l’autre. »
« Il s’avança, prit la fiasque et versa quelques gouttes d’eau lustrale sur le front de l’enfant. »
« Puis, dégageant l’épaule du bébé, il choisit avec soin un endroit de la peau et l’égratigna à plusieurs reprises en se servant d’une longue épine. Un peu de sang s’épancha. »
« À cet instant, l’assistance se jeta à genoux en criant:
– Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants. »
« Le Démon passa et repassa la main gauche sur la blessure, tandis que sa main droite traçait dans l’air des signes magiques. »
« On se releva et la fiasque circula afin que chacun y bût une gorgée. On vida le reste dans la gueule du bouc qui avala tout aussitôt. »
« Mme Babin disparut ensuite avec le bébé. »
« Sa fille noua autour des cornes du bouc un ruban de soie verte, puis posa une couronne de carton doré sur sa tête. »
« Elle acheva son hommage en baisant la malodorante bête sur 1’arrière-train, en quoi chacun vint ensuite l’imiter. »
« Pendant que ce rite se déroulait, Lucifuge Rofocale s’était éclipsé. »
« Un ordre parti de je ne sais où, retentit:
– Éteignez les lumières! »
« Les chandelles ayant été soufflées et 1a torche enfoncée dans un seau d’eau, toute l’assemblée se trouva dans l’obscurité la complète. »
« Un nouveau cri retentit:
– Un pour tous, tous pour un! »
« Je ne compris pas immédiatement la signification de cette dernière phrase. L’illumination me vint lorsque je sentis dans mes bras le corps de ma voisine, que je regrettai bien à ce moment de ne pas avoir examinée de plus près. »
« Une bouche brûlante s’attacha à la mienne. »
« Autour de moi, j’entendais des froissements, des halètements, des grognements indistincts. Déjà ma voisine m’attirait vers le sol et nous tombâmes doucement. »
« C’était le commencement de l’orgie sabbatique… »
Source: Diable, démons et Vampires. Édition: Poche Sélect. 1977